L'histoire :
Harley Quinn discute avec Jim Gordon de la nouvelle affaire : un meurtre terrifiant où la victime éviscérée et le corps découpé en deux a été découverte sur un banc. Pour Maddox, c’est clair : il s’agit d’un gang. Pourtant, Harley ne l’entend pas de cette oreille et elle sait très bien que ce porc de Maddox ne va pas aimer et qu’il va encore y aller de ses remarques misogynes tout en reluquant son c** ! Mais il ne s’agit pas d’un gang, elle en est persuadée : un gang ne laisse pas d’arme sur les lieux du crime. Les mauvaises nouvelles continuent puisque Gordon lui annonce qu’ils vont geler l’affaire Edie. Cela fait cinq ans et aucun indice ni la moindre ombre d’une piste n’ont été trouvés depuis. Pourtant, Harley s’insurge : il est hors de question de laisser couler l’affaire ! Elle décide de s’en charger. Après tout, n’est-elle pas la meilleure profileuse de Gotham ? A l’époque du meurtre effroyable d’Edie, il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait du Joker : sourire forcé post mortem du cadavre, mise en scène glauque et raffinement de la mise à mort. Le dément n’en était pas à son coup d’essai puisqu’il avait assassiné la voisine du dessous peu de temps auparavant. Point commun des victimes : interne en médecine. La police était sûre que le Joker allait faire une erreur et qu’ils allaient lui tomber dessus. Mais il n’en a rien été et cinq ans sont passés et Edie fut enterrée sous d’autres affaires et monceaux de cadavres. Harley avait déjà étudié le dossier de l’affaire et toutes les informations liées au Joker mais elle n’avait rien trouvé. Aujourd’hui, elle est déterminée à s’y remettre : le moindre petit indice pourrait permettre de débusquer le psychopathe. Un peu comme un chasseur émérite qui traque sans relâche un tigre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
S’il y a un duo que l’on façonne et modèle à l’envie, il s’agit bien du Joker et d’Harley Quinn. C’est notamment le cas avec le récent Harleen de Stjepan Sejic. Cette fois, il ne s’agit pas d’une version psychologique des personnages mais d’un véritable thriller glaçant et effrayant. L’idée que Harley est désormais une profileuse expérimentée et non une psychiatre de renom apporte une sacrée touche d’originalité et permet ce basculement du Batverse dans un genre bien plus noir, d’où sa publication chez Black Label. La couverture violente au possible ne donne guère de doute au projet : on bascule dans une histoire très proche du Silence des Agneaux où Harley Quinn/ Clarice Starling traque le Joker/Hannibal Lecter. Ce Joker là- qui ressemble au Joker gothique incarné par Jared Leto- va laisser des traces dans votre représentation du vilain dément tant il est machiavélique, dangereux et sans pitié. Comme dans le film, le thriller se fait de plus en plus horrifique et intense, comme si l’on plongeait dans la psyché démente du serial killer au sourire figé. Cependant, la vraie belle surprise se trouve du côté du graphisme. Mico Suayan et Jason Badower rivalisent de talent pour dessiner des scènes d’un réalisme exceptionnel à la Lee Bermejo. Plusieurs artistes alternent, suivant la temporalité de l’histoire, avec même quelques planches hallucinées de David Mack. Le dessin sublime la quintessence de cette version morbide de la rencontre Joker/ Harley, à l’image des meurtres de plus en plus raffinés du clown dément. La prouesse graphique est d’autant plus saisissante que les artistes jouent sur les clins d’œil aux multiples versions du Batverse et notamment au cinéma où les fans reconnaîtront aisément les nombreuses allusions aux films de Christopher Nolan et de Tim Burton. Le Joker et Harley n’ont presque jamais été aussi beaux et inquiétants à la fois : encore une preuve de plus que ces personnages n’en finissent pas d’inspirer les artistes en tout genre.