L'histoire :
Christopher Chaos est un adolescent loin d'être ordinaire. Abandonné à la naissance, il est adopté par l'infirmière qui l'a découvert devant l'hôpital. Dès son plus jeune âge, il manifeste des capacités étranges qu'il s'efforce de réprimer. En effet, Christopher perçoit les équations qui régissent le tissu de la réalité et parvient même à les manipuler, comme lorsqu'il ramène à la vie son pigeon apprivoisé, Peggy. Au lycée, Christopher est un solitaire, mis à l'écart par ses camarades qu'il met mal à l'aise. Il est secrètement amoureux d'Hayden, un garçon séduisant qui rêve de devenir comédien à Broadway. Un soir, alors qu'il rentre chez lui, Christopher croise Hayden, effrayé et semblant fuir quelque chose. Intrigué, il décide de le suivre et assiste, horrifié, à la transformation du garçon en loup-garou, avant que celui-ci ne soit assassiné par des silhouettes vêtues de blanc. Choqué par ce qu'il a vu, et incapable d’en parler à sa mère, il décide de garder le silence. Mais c’est alors qu'il rencontre Jordi, un vampire, et Viveka, une fille capable de voir les fantômes, deux anciens amis de Hayden. Rejoints par un mystérieux géant qui semble en savoir plus qu'il ne le laisse paraître, ils décident de rendre justice à leur ami assassiné.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'Étrange Quotidien de Christopher Chaos utilise les classiques du genre monstrueux, tels que Frankenstein, Dracula, et autres récits de fantômes et de loups-garous afin de les remettre au goût du jour. Le concept est simple, mais il se révèle redoutablement efficace : ici, les monstres ne sont plus les créatures terrifiantes à abattre, mais des êtres incompris et persécutés. À l'opposé, les chasseurs de monstres sont les antagonistes du récit et dépeints comme une branche hyper-technologique et militarisée de l'Église. L'une des forces de cette bande dessinée réside dans sa narration. Chaque chapitre est narré par un personnage différent, ce qui permet de découvrir progressivement les protagonistes. Chacun d'entre eux est bien développé, avec le potentiel d’être encore développé à l’avenir. On aimerait d’ailleurs en apprendre davantage sur les origines mystérieuses et les pouvoirs de Christopher, qui restent encore entourés de mystère. L'œuvre se distingue aussi par son engagement LGBTQ+. Les monstres y sont une allégorie des individus marginalisés en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, parfois contraints de vivre cachés pour échapper à la répression. Cette dimension ajoute du sens à l'histoire, en faisant écho à des réalités sociales contemporaines. Sur le plan visuel, le dessin est une réussite. L'esthétique est marquée, avec un usage intelligent des couleurs qui font l’emphase sur les personnages. Chaque personnage possède un design distinctif, et Christopher Chaos a le potentiel de devenir une icône à part entière, au même titre que les super-héros modernes. Le dessinateur s'amuse également à briser le quatrième mur et à jouer avec la structure des cases, une manière de refléter l'émancipation des personnages face aux préjugés et aux attentes de la société.