L'histoire :
La discussion est enflammée au sein du groupe d’amis. Il faut dire que la conversation prend une tournure grave avec le sujet de l’actualité et de la guerre avec Poutine. Stefan tente d’apporter des nuances mais, évidemment, quand on est à contre-courant, on passe rapidement pour un fasciste ou pire encore. Pourtant, il maintient que l’Europe s’est servi de l’Ukraine pour provoquer la Russie. Les débats s’enflamment quand on évoque l’arme nucléaire. Si certains ne croient pas à un conflit généralisé et mondial, d’autres sont beaucoup plus inquiets. D’autres préfèrent ne pas y penser et ne pas regarder les informations. Nikki sort pour aller aux toilettes. Enceinte jusqu’au cou, elle a de plus en plus de mal avec ce genre de conversation. Peut-être aussi parce que David, son homme, n’arrive jamais à s’arrêter quand il est lancé. Pire : il se sert d’elle et du futur bébé pour renforcer son argumentation alors qu’il devrait la ménager. Heureusement, son amie est là pour la réconforter. Quand Nikki revient, le débat est encore plus électrique : voilà qu’on aborde maintenant la Chine ! Encore des paroles lourdes et assommantes. L’assemblée finit par remarquer que Nikki souffre et ils décident de s’arrêter, confus. Tout le monde sauf David…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une couverture sans concession, un titre dur… mais finalement, ceci n’est rien par rapport à ce qui vous attend en ouvrant ce comics si particulier. On sait que Garth Ennis a toujours adoré raconté des récits de guerre tout en glissant des messages de haine antimilitariste. Mais là, c’est autre chose. Cela démarre d’une façon si réaliste qu’on a l’impression de voir son propre quotidien. Puis, on choisit des personnages dans une lente et implacable descente aux enfers. On est alors surpris par le ton utilisé. Ennis n’est plus dans la provocation. Il n’est même pas dans le jeu parfois complexe et stimulant d’une narration originale. Non. Ici, c’est brut et quasi réel. Si brutal que la violence du message cru nous assomme. Même le fait de suivre les personnages ne constituent pas une porte de sortie vers un espoir ou un imaginaire réconfortant. Dans cet album, tout est morne, triste et sans vie. Pour une fois, Ennis a voulu choquer en utilisant aucun artifice : seulement nous montrer les ténèbres de la guerre et de la haine telles qu’elles sont. Le projet est osé mais il faut le reconnaître, trop dérangeant. On ne s’attache à rien et la dernière page finit par nous achever tant le vitriol du propos est amer et indigeste. A peine pourra-t-on s’accrocher aux branches du visuel de Beck Cloonan qui tente des expériences visuelles et des cadrages très serrés sur des personnages éteints. Le meilleur remède assurément pour être dégouté de la guerre.