L'histoire :
Alors que la Police de Gotham tente d'arrêter un dealer pris sur le fait, Batman intervient et leur coupe l'herbe sous le pied en interceptant le revendeur afin de lui soutirer des renseignements. L'intervention du héros agace le sergent Cort, présent lors des faits, qui fait part de son mécontentement au commissaire Gordon qui continue de défendre Batman. Plus tard, Gordon se retrouve sur un plateau de télévision, accompagné du maire de la ville et tous les deux se trouvent face à un psychiatre réputé, le docteur Hugo Strange. Ce dernier fait part de son opinion concernant le Batman, à savoir que le héros serait en réalité un homme obsédé par la vengeance et le pouvoir. L'analyse de Strange trouble Bruce Wayne, qui suit l'émission en tant que téléspectateur, mais aussi et surtout le maire qui décide de mettre en place une force spéciale au sein de la police dont la seule et unique tâche sera d'appréhender Batman. A la grande surprise de l'intéressé, c'est le commissaire Gordon qui est choisi pour diriger l'équipe. Mais en terme d'obsession, Bruce Wayne fait figure d'amateur à côté de Strange qui est littéralement possédé par l'idée de découvrir quelle est la véritable identité du justicier...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le docteur Hugo Strange n'est pas un nouveau venu dans l'univers de l'homme chauve-souris. Pourtant, ce recueil comportant deux récits écrits par Doug Moench (Le Spectre, Omega Men,...) et illustrés par Paul Gulacy (Sabre, Master of Kung Fu) est une chance, pour beaucoup, de découvrir cet adversaire retors de l'homme chauve-souris. Même s'il est moins connu que d'autres ennemis du détective tels que le Joker ou Double-Face, Hugo Strange n'en n'a pas moins été un des tous premiers puisqu'il est apparu la première fois en 1940, dans Detective Comics #36. La Proie d'Hugo Strange correspond en fait à l'introduction d'une nouvelle version du personnage, après que ce dernier ait été revu et corrigé, comme beaucoup d'autres icônes DC à la suite de l'event Crisis on Infinite Earths, dans les années 80. Le scénario de Moench tient pas mal la route, à ceci près que son Hugo Strange est assez caricatural et passe son temps à raconter à voix haute toute une série de considérations farcies de charabia de psychologie de bazar. Le personnage s'avère trop pathétique pour que l'on y voit une menace réelle, ce qui désamorce une bonne partie de la tension qui repose alors sur les épaules du Fléau de la Nuit, autre adversaire du détective dans l'histoire. Terreur enfonce le clou puisque l’Épouvantail écope d'origines dignes du vilain de la semaine dans une aventure de Judge Dredd, le docteur Crane étant ramené à un nigaud moqué par ses camarades de lycée et devenant par la suite le maître de la peur. Si une approche psychologique du personnage de Batman porte généralement la promesse d'introspections intéressantes et autres jeux d'esprit, on reste finalement sur notre faim. La confrontation entre Batman et le Fléau, sorte de justicier générique créé par Strange, est cependant un point fort du récit, au même titre que l'ambiance de film d'horreur créée par le final de Terreur. Pour ce qui est des illustrations, difficile de se faire une opinion tranchée. Paul Gulacy est loin d'avoir les doigts cassés et réussit à conférer une ambiance adéquate pour cette période des débuts de Batman, mais certaines planches ressortent bizarrement, en particulier dans Terreur, le récit le moins réussi des deux. De plus, si Gulacy a toujours plus ou moins eu de soucis avec les yeux de ses personnages, cela a rarement été aussi flagrant qu'ici. L'artiste emploie tous les subterfuges possibles et imaginables pour masquer sinon les regards, du moins un œil !. D'un point de vue éditorial, Urban remet encore une bonne copie, malgré une bévue assez incroyable : la couverture intérieure du premier récit est créditée du nom des auteurs des Patients d'Arkham (à savoir Slott, Sook, Loughridge et même Powell, indiqué comme étant l'auteur de la couverture même). Un bilan mitigé pour ce Hugo Strange qui a quand même des fulgurances, notamment dans sa première partie, mais qui est loin d'atteindre les hauteurs d'un Year One ou même d'un Gotham Central.