L'histoire :
Ils sont seuls et ils l’attendent. Beaucoup espèrent que l’Ancien reviendra vite, mais en réalité, ils se sentent abandonnés. Cela fait plus de cent ans qu’ils sont là à attendre quelqu’un qui ne semble jamais revenir. Ces enfants sont tous jeunes et ils ont des occupations très différentes. Bats et Vickie jouent souvent à Chat. Romie taggue des murs et met des couleurs un peu partout. Billy est le pessimiste du groupe et il broie souvent du noir. Yui lit beaucoup de livres divers et variés. Lucas joue de la grat et invente des chansons. Mais comme il ne se souvient pas de ce qu’il créé, il est sans arrêt en train d’en inventer de nouvelles. Ronnie et Raymond, eux, s’amusent à se mettre en danger, se bousculent et se tapent sans arrêt. Tous ont des occupations plus ou moins amusantes... mais le temps est long, ici. Ils sont totalement libres, oui, mais pour faire quoi, au final ? Jouer, tuer le temps et manger des rats à longueur de journée… La seule chose qu’ils doivent respecter, c’est le couvre feu quand vient la nuit. C’est d’ailleurs le cas, maintenant. Tous rentrent se coucher. Mais Romie manque à l’appel : personne ne l’a vu depuis quelques heures. Pourtant, la nuit va tomber et la règle est stricte. Billy part donc à sa recherche pour éviter le pire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jeff Lemire est vraiment un auteur à part, qui nous emmène dans des contrées inexplorées. Et quand on s’embarque dans une de ses histoires, on ne sait jamais véritablement où l’on va. C’est encore le cas ici, avec un début étonnant qui mélange post-apo, récit survivaliste et histoire de vampires. Pourtant, quand on tourne les pages, on découvre petit à petit, avec effroi, ce que mijote l’auteur canadien. Et il y a de quoi trembler, car l’idée est choc : des enfants abandonnés dans un monde détruit sont en fait de terribles vampires ! On savait que Lemire appréciait particulièrement l’horreur, mais camper des personnages innocents en affreux vampires... l’audace est grande ! C’est surtout le nombre de protagonistes qui va lui permettre de densifier son intrigue. Les différences fortes entre chacun amène à complexifier la narration et à apporter une tension supplémentaire. De sorte qu’on ne lit pas un énième revival sur les vampires mais bien une réécriture géniale du roman de William Golding Sa majesté des mouches, à ceci près que les enfants livrés à eux-mêmes ont besoin de sang pour survivre. On retrouve avec joie le dessin ciselé de Dustin Nguyen qui s’essaie au récit fantastique. Et avec maestria ! L’artiste expérimente le noir et blanc en gardant son style aquarelle et le rendu est saisissant et crépusculaire au possible. L’ensemble est un peu court, mais il constitue une sacrée mise en bouche… au goût sanguin.