L'histoire :
Tout commence par l'Australie où John Constantine se retrouve à aider son ami aborigène Jeffo et ses pairs. Ils sont en effet sous le coup d'une décision soit-disant légale les dépossédant de la zone de terre sur laquelle ils se trouvent. Dans le même temps, John est initié à la puissance du Didgeridoo et découvre le « temps du rêve », qui va lui permettre de convoquer le serpent Arc en ciel, complice malgré lui du règlement du conflit. Dans Le long chemin creux, John va retrouver ses potes punk d'adolescence, dont Rich et sa famille, et les travers sociaux-politiques de son pays natal. À Edgehill, lieu d'une bataille peu glorieuse en 1642, il va voir ce que personne d'autre ne voit, à part Cyd, le fils de Rich, et permettre au fantôme d'un ancien copain commun de reposer en paix. Dans Masse critique, mini série en 5 parties, les choses vont se corser pour lui, car Cyd va être possédé par un démon, qui va demander l'âme de John en échange. Ce dernier va échafauder un plan « démoniaque » pour sauver l'enfant et s'en sortir, bien qu'il doive y laisser une partie de lui-même, celle en lien avec l'enfer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si la première partie de ce recueil permet de valider la qualité d'écriture de Paul Jenkins, nous embarquant dans une ambiance très poétique, aux frontières du social et du récit horrifique, que l'on aime retrouver au sein de cette série, la seconde moitié est un peu moins convaincante, plaçant ça et là quelques histoires un peu moins puissantes, et dont le synopsis aurait quasiment pu se retrouver dans un épisode d'Outcast (de Kirkman/Azacet chez Delcourt), voire Hellboy ou même Bêtes de somme. On pense par exemple à : Sortir le chien, Punks en pleine nature, Le Football... ou Un avant-goût des cieux. Ce n’est pas que ces récits ne soient pas sympas, mais la reprise des choses « sérieuses » touchant du doigt les affres de notre anti héros et son passé familial sombre - fracture ouverte dont va tenter de se servir Lucifer pour récupérer son âme - vont réembrayer dès Les péchés du père et se conclure partiellement dans la mini série en 3 parties Difficult Beginnings ; avant que le dyptique émouvant In the Line of fire évoquant la vie ratée d'un soldat britannique revenu du front, lors de la seconde guerre mondiale, ne nous montre un Constantine à nouveau en possession de ses pouvoirs. Coté dessin, c'est l'occasion de se régaler des oeuvres « de jeunesse » d'un Sean Phillips pas encore reconnu star internationale (on est en 1995 et donc avant ses succès avec Ed Brubaker), dont le style alternatif aux couleurs pastel très agréable est déjà en train de marquer son identité ; sans oublier les couvertures peintes absolument magnifiques de chaque comics. Un peu la même chose qu'avec Paul Jenkins, anglais lui aussi, très impliqué dans le milieu alternatif à ses débuts, mais dont on avait jamais eu l'occasion de lire jusqu'à présent les premiers travaux scénarisés. Dire que l'association de ce scénariste à la patte littéraire très marquée et du dessinateur si talentueux qu'est Sean Phillips manquait au lectorat français n'est pas exagéré, et on remerciera les éditions Urban comics de nous l'offrir enfin, dans un recueil Hellblazer de très bon cru.
