L'histoire :
La soirée bat son plein, entre musique et alcool, lorsque l'ami de Flynn lui pose une question qui semble plutôt banale : « et toi, Flynn, tes rêves, tu t'en souviens ? » Alors qu'elle se remémore ses souvenirs d'enfance, son esprit divague jusqu'à soudain être interrompue par la présence d'une silhouette effrayante parmi les fêtards. Un être d'une imposante stature, obèse et totalement nu, la regarde fixement. Mais ses yeux sont vides et une langue baveuse en sort avec une délectation écœurante. La seconde d'après, la forme semble s'être soudain évaporée ... les deux amants se retrouvent dans la chambre de Flynn, entourés des toiles perturbantes réalisées par la jeune artiste représentant des figures hideuses dont le point commun est ces sinistres regards laissant apparaître des sourires cauchemardesques. Visiblement perturbé, le jeune homme décide de quitter la pièce et croise dans l'escalier qui l'amène vers la sortie un homme arborant des lunettes de soleil. Ce dernier, frappe à la porte de Flynn et demande à voir ses œuvres. La jeune femme ne le sait pas encore, mais le pire de tous les cauchemars vient de croiser sa route ...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec la diffusion de la série Tv sur Netflix, la mythique série Sandman créée par Neil Gaiman connaît à présent une deuxième vie éditoriale. Après une suite intitulée Sandman the Dreaming, la saga au long cours développe un nouvel univers consacré au personnage incarné par le charismatique acteur Boyd Holbrook, à savoir le Corinthien. Ce dernier est le plus terrifiant cauchemar créé par le roi des rêves, reconnaissable par ses lunettes noires qui dissimulent des yeux dont les orbites accueillent des dents de carnassiers. Dès la préface, le scénariste James Tynion IV déclame son amour et son admiration pour l'œuvre du génie anglais, et effectivement on constate qu'il connaît parfaitement l'univers dense et complexe de la série. Il prend judicieusement la décision de ne pas centrer son intrigue sur le personnage du Corinthien, mais plutôt de s'intéresser à une jeune femme qui va être le vortex qui va attirer tous les pires monstres à elle. Là où l'on est ravi de retrouver l'ambiance terrifiante imaginée par Gaiman, on est cependant déçu de constater que l'aspect littéraire passe complètement à la trappe. Le scénariste est très à l'aise avec les thématiques de l'horreur et se limite malheureusement à faire du sensationnel en oubliant la dimension mystique et onirique qui donne sa saveur unique à la série. Le graphisme est en grande partie le fruit du travail de Lisandro Estherren qui réalise de bonnes choses avec son trait certes épuré mais agréablement mis en valeur par la colorisation aquarellée de Patricio Delpeche. De nombreux grands noms apportent leurs contributions, au risque de créer un rendu parfois très inégal. L'ensemble est donc intéressant, mais sans avoir forcément l'envie de le dévorer... avec les yeux bien sûr !