L'histoire :
Lors de ses aventures solo, Tom Strong a débarqué un jour sur une planète ressemblant trait pour trait à la Terre. Cette Terre bis, qu’il surnomme alors Terra Obscura, possède une sorte de double appelé Tom Strange. Strong découvre cet autre monde, peuplé de super-héros ou plutôt des héros de la science qui forment le CLASH (Clan Légendaire des Aventuriers de la Science Héroïque). Mais suite à l’invasion d’un extraterrestre lunaire, les membres du Clash vont se retrouver coincés pendant 30 ans en animation suspendue avant d’être libérés par Strong et Strange. Nous retrouvons ses membres 3 ans après leur libération dans un monde contrôlé par la Terreur 2000, entité omnisciente personnifiée en crane rouge géant, devenu une super police à lui tout seul. Certains membres du Clash sont restés des super-héros au service de la Terreur mais d’autres ont préférés prendre leur retraite. Mais très vite une menace sévit sur Terra Obcura, brouillant tous les systèmes électriques de la planète rendant inopérant les capacités de la Terreur. Nos héros vont devoir reprendre du service pour trouver qui se cache derrière cette menace et vont pour cela rechercher leur seul espoir : Tom Strange. Une fois reformé, le Clash va ensuite être confronté à des anomalies temporelles qui font revenir du passé des menaces bien réelles.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Terra Obscura est un titre curieux pour plusieurs raisons. D’une part car c’est un spin-off du comics Tom Strong, l’un des comics les moins populaires d’Alan Moore et parce qu’on nous le vend comme un comics d’Alan Moore alors que ce dernier n’en a écrit que la trame narrative. Rendons à César ce qui est à Peter Hogan : Terra Obscura est un comics de Hogan et Yanick Paquette. Etre plongé dans cette œuvre singulière sans connaitre l’univers de Tom Strong est plutôt ardue mais Urban a une nouvelle fois réussi son travail d’édition grâce à ses textes explicatifs, nous permettant de commencer les aventures du Clash sans trop de difficulté. Car très vite on se retrouve plongé dans cette histoire qui ressemble à des JSA de l’âge d’or avec sa multitude de héros et ses méchants voulant dominer le monde. Mais Hogan s’en démarque très rapidement par sa modernité et son humour qui rendent ses aventures ludiques et palpitantes. En effet, même si on connait mal les rapports de chaque personnage avec ses autres comparses, on en comprend très vite les enjeux, qu’ils soient romantiques ou dramatiques. La volonté de Moore était de rendre hommage aux comics pulp des années 30 avec un mélange héroïque mâtiné de science-fiction et d’exotisme et Hogan reprend la même recette avec succès dans ces deux run qui nous propulsent dans des aventures débridées. Il nous emmène aux quatre coins du globe tout en abordant des sujets sérieux comme la dangerosité d’une surveillance policière connectée où la sécurité à outrance va à l’encontre de la liberté individuelle, ceci incarnée par cet effrayant personnage qu’est la Terreur noire. Le second run aborde aussi la question du deuil sous prétexte de failles temporelles faisant revenir d’entre les morts des êtres chers et provoque même chez le lecteur une émotion qu’on ne soupçonnait pas. Une belle surprise que ce Terra Obscura, un vrai récit d’aventure héroïque, aidé en cela par les dessins de Yanick Paquette qui, comme le récit, est un parfait mélange d’hommage aux musculatures ubuesques des dessins pulp et du style moderne et punchy à la Ryan Ottley (Invincible).