L'histoire :
Sud de Pene Molalo City, République Démocratique du Congo, en 2003. Une unité de 4 soldats US vient de sortir de la jungle. Ils rejoignent 2 hommes armés et se présentent comme appartenant aux affaires civiles (unités de l'US Army chargées de faire le lien avec des civils et des ONG en zone de guerre). Les yankees s'adressent aux autochtones et leur disent vouloir être présentés à leur chef, un certain Tatenda. Après quelques kilomètres, ils arrivent dans un village et sont accueillis en amis. Des pourparlers s'engagent. Pour les émissaires américains, l'objectif est clair : il s'agit de savoir comment ils peuvent aider au renversement du régime de Dugaré et soutenir le mouvement du CPI, qui est entré en résistance...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a des séries qui sont des œuvres de fiction, mais dont le réalisme glace le sang. The Activity s'installe incontestablement dans ce registre, car elle relate des faits imaginaires dans un contexte bien réel : celui des Blacks Ops que les USA ont multipliées (et continuent d'autant plus) depuis le 11 septembre. Le postulat est clair et désormais connu de tous : les États-Unis sont en guerre contre les mouvements terroristes. Certes, Nathan Edmonson est américain, certes, ce comic book a quelque chose de patriotique, qui peut même faire penser aux productions contemporaines de la Seconde Guerre Mondiale, pudiquement qualifiées comme participant à l'effort de guerre (autant parler de propagande), mais le point fort de son récit est que ses protagonistes n'endossent jamais le costume de sauveurs. Il s'agit de soldats qui font le sale boulot et qui, par définition, seront lâchés par le gouvernement parce qu'ils sont rattachés à des sections de choc qui n'ont pas d'existence officielle. Des unités qui peuvent, par exemple, nettoyer le terrain après des bavures de la CIA et qui interviennent alors même que d'autres bataillons américains sur zone l'ignorent. Le scénariste s'est entouré d'experts, en l’occurrence de vétérans ayant baroudé durant des années au sein de sections secrètes, pour pouvoir tisser une trame qui se décline par chapitres exposant des missions dans tous les points chauds du globe. À l'instar du premier volume, les épisodes défilent comme autant de missions, en alternant flashbacks qui permettent de compléter le background des personnages et théâtres d'opérations actuels. Le réalisme des situations trouve un formidable écho amplificateur dans le dessin de Mitch Gerads et son découpage cinématographique. Cela va à toute allure et le don qu'il a pour saisir les expressions des personnages, y compris dans leur langage corporel, est la garantie d'une immersion profonde dans la lecture de ces opérations militaires secrètes. The Activity plaira d'entrée à tous ceux qui ont cultivé le goût des comics de guerre, mais il pourrait bien aussi infliger une grande gifle froide aux autres lecteurs, pourvu qu'ils soient dotés d'un peu de curiosité à l'égard du contexte géopolitique hyper tendu actuel.