L'histoire :
Fin du XXème siècle, le monde a sombré tragiquement depuis le déclenchement d'un immense conflit nucléaire. Même si l'Angleterre à été épargnée, elle subit cependant de plein fouet les désastreuses conséquences climatiques qui ravagent son territoire et sèment la maladie et la famine. Des émeutes explosent un peu partout. Pour mettre fin au chaos ambiant, un groupuscule fasciste s'empare du pouvoir et met en place une purge des citoyens jugés déviants. Les opposants politiques, les minorités ethniques ou bien encore les homosexuels sont arrêtés par milliers et envoyés vers des camps de concentration, au cœur desquels des sadiques de la pire espèce sévissent. La société, quant à elle, est surveillée par le système qui contrôle tout et se charge des punitions arbitraires. Ainsi en plein désarroi, la Jeune Evey Hammond accoste maladroitement un homme dans la rue à la nuit tombée, afin de lui proposer son corps en échange d'un peu d'argent pour survivre. Mais ce dernier lui révèle être un agent des mœurs en planque et hélas les bonnes mœurs ont depuis bien longtemps été abandonnées par la police locale. Evey échappe de peu à un viol collectif suite à l'apparition impromptue d'un illuminé déguisé et masqué qui rosse les vilains tout en citant du Shakespeare. En sécurité sur les toits de Londres, ils contemplent alors ensemble l'impressionnante explosion du parlement de Westminster, suivie d'un feu d'artifice balafrant le ciel d'un immense V. Vive l'Angleterre, la machine vengeresse est en marche ...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Véritable virtuose vivant du verbe, Alan Moore devient le ventriloque de son avatar le révolté V et nous entraîne dans une virée au cœur de sa vision envoûtante de la perfide Albion. Il vilipende avec vigueur et sans vergogne la vile violence des vainqueurs voyous qui vampirisent, violent et avilissent. Il évoque ses victimes serviles et vulnérables qui errent, voûtées par les vicissitudes de la vie, le regard vide dans cette volière qu'est devenu le royaume victorien. Telle une verrue sur le visage des vilains, V vogue en va et vient à l'image d'une virevoltante vague véloce qui vrille vaillamment les verrous de cette vie de vice. Vengeance, vendetta, voici les variations de vœux révolutionnaires de ce voltigeant vagabond qui vomit son aversion évidente envers ces vermines de dévots vaniteux et de virils vautours qui déversent leur venin. Voici le vacarme du vent vif et vigoureux de la révolte qui, dans une valse de devinettes en vers, vocifère un vindicatif avertissement : que la vérité, la vertu, tous les vestiges de ces vétustes valeurs virginales prennent leur revanche vers la victoire de la vox populi ! David Lloyd avec ses divines vignettes volontairement vitreuses et voluptueusement évocatrices rajoute un vernis visuel vintage qui donne véritablement du volume à la vigueur du récit. V pour Vendetta est à notre avis, l’œuvre d'un savant vaudou, un vibrant voyage au vitriol au cœur du vaste et vertigineux vortex du cerveau d'un auteur visionnaire qui peut dire sans vanité : Vini, vidi, vici. A dévorer vivement !