L'histoire :
Savant recrute : les WildC.A.T.S ont besoin de se renouveler. Max Cash sera difficile à convaincre mais Savant a des arguments qui tuent : elle sait tout de ses activités criminelles et on sait tous que personne n’a envie de croupir en prison. Et surtout pas ce malin de Max, qui a l’art de se fondre dans la masse, façon Ninja. Comme prévu, Max accepte de rejoindre l’équipe. Nouvelle difficulté : il va falloir persuader tout le monde de la prochaine recrue. Il faut dire que cette femme a une violence en elle comme on en a rarement vu. Maxine Manchester a 19 ans et a passé 8 ans en pension, 2 ans en hôpital psychiatrique et 1 an en prison. Depuis un braquage qui a mal tourné, elle a pris cinq balles dont une qui a touché la colonne vertébrale. Elle a donc servi de cobaye pour tester un nouveau procédé techno-organique. Mais, elle a défoncé les murs de sa chambre et s’est enfuie. Aux dernières nouvelles, elle a été vue à Chicago après avoir dépouillé des malfrats…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 1995, la série iconique WildC.A.T.S. ressuscite. Et cet événement est accompagné d’une autre surprise non moins fracassante : le scénario de cette suite sera assuré par Alan Moore. Un choix étonnant quand on connaît la plume de l’écrivain britannique mais, à l’époque, Moore tournait déjà la dos aux super-héros classiques et cherchait un terrain plus libre. N’empêche : cette rencontre entre la série et Alan Moore c’est comme si Victor Hugo se mettait à écrire les textes des Sex Pistols ! On imaginait mal ce mélange de violence et d’actions décomplexées tomber entre les mains de l’auteur de Watchmen. Et pourtant, l’improbable se produit sous nos yeux et bien sûr, Moore met d’emblée sa patte. Il créé une nouvelle team WildC.A.T.S. avec de nombreux nouveaux personnages dirigés par Mr Majestic : Ladytron, Savant, Max Cash et Maxine. On sent tout de suite la différence avec la série originelle puisque chaque personnage possède une psychologie forte. On ne lit plus un récit furieux et qui construit en toute urgence des scènes de combats survoltés mais un pavé énorme de textes et de dialogues, qui prend le temps de creuser l’univers et de l’emmener à des endroits insoupçonnés. Moore s’amuse particulièrement en reprenant toute la mythologie des WildC.A.T.S. et en faisant une synthèse faite de clins d’œil et de retours en arrière. C’est également un exercice de style où Moore va étirer au plus possible toutes les extrémités de cet univers pour inventer d’autres éléments renversants. Ainsi, des révélations complètement folles vont se faire jour sur les Daemonites et les Khérubims qui mettent à mal tout ce que l’on croyait connaître de la série. On bascule parfois dans la philosophie avec des passages poétiques et cosmiques du personnage le plus mystérieux du groupe, Adrianna Tereshkova (qui n’est finalement pas sans rappeler Dr Manhattan) ou encore un magnifique balais mortel façon samouraï avec le rite de combat de Zélote. On a même le droit à des textes bibliques ! L’intrigue aborde également des sujets sociétaux ou d’actualité comme le racisme ! C’est tellement travaillé et complexe qu’on a presque l’impression qu’on ne respecte plus les fondamentaux de WildC.A.T.S., même si on ne peut qu’admirer la maestria textuelle d’Alan Moore. Le visuel tente d’atteindre cette nouvelle dimension. Un défi quasi irréalisable attendait Travis Charest en prenant la suite de Jim Lee et pourtant, le rendu est majestueux. A l’image d’un texte profondément intelligent, le dessin de Charest est tout en finesse et noblesse. Un véritable régal. Une évolution qui sonne comme une révolution !
