Les éditions Akileos ont eu le nez creux en sortant Sheltered, un thriller éprouvant dans lequel nous suivons des adolescents se préparer à vivre l'apocalypse dans un camp isolé. Ecrit par Ed Brisson, ce titre immersif permet également de découvrir un nouveau talent avec le dessinateur Johnnie Christmas dont il s'agit du premier travail professionnel. L'artiste canadien réalise une sacrée performance et il ne fait aucun doute que l'on devrait revoir très vite ce dernier sur de nouvelles séries. Présent à la Paris Comics Expo pour défendre Sheltered auprès des lecteurs français, nous avons pu rencontrer ce dessinateur au sourire contagieux.
interview Comics
Johnnie Christmas
Bonjour Johnnie Christmas, peux-tu te présenter et nous dire comment tu es arrivé dans l'industrie du comics ?
Johnnie Christmas : Bien sûr. Mon nom est Johnnie Christmas. Mon premier album professionnel est Sheltered, une collaboration entre moi et Ed Brisson, et qui a été publié à l'origine chez Image Comics dès 2013 et à présent en France chez Akileos. Je suis particulièrement ravi d'être présent en France pour défendre ce titre.
Quelles sont tes influences ?
Johnnie Christmas : J'ai débuté comme peintre et je citerais des noms comme Marc Chagall, Gustav Klimt évidemment mais aussi beaucoup d'autres. En comics, j'ai toujours aimé Mike Mignola, Katsuhiro Otomo, Jaime Hernandez et il y en a même qui m'influencent tous les jours. J'aime ce qui attire mon regard.
Quels comics appréciais-tu plus jeune ?
Johnnie Christmas : Mon préféré a toujours été Flash. Les X-Men de Jim Lee aussi, c'était super beau, flashy et ça en jetait vraiment. En grandissant, je me suis a apprécié le travail d'Alan Moore comme From Hell ou des titres plus indé comme Love & Rockets. Je suis plus lectures indé aujourd'hui mais j'ai lu énormément de super-héros autrefois.
L'action de Sheltered prend place dans un lieu assez restreint, un trailer park en l’occurrence, cela a t-il été difficile pour toi de rester original tout au long des 15 épisodes ?
Johnnie Christmas : Oui, l'essentiel de l'histoire se déroule dans ce camp et en fait ça n'a pas été si difficile. Il n'y a jamais eu de comics se passant dans un trailer park auparavant. Je voulais que l'on se retrouve dans ce camp de mémoire ! Je voulais que les enfants de cette histoire soient plongés dans une sorte de rêve. Un enfant peut être effrayé par un environnement très grand et là, dans ce trailer park, ils savent où ils vont, ils savent quoi faire et ils ne devraient pas avoir peur. C'était amusant de mettre en scène tous ses personnages et d'essayer de transmettre les peurs des enfants au lecteur.
L'influence du cinéma est indéniable dans Sheltered et dans certaines cadrages...
Johnnie Christmas : Je n'avais jamais parlé de ça dans une interview ! Il y a ce film, Arizona Dream avec Johnny Depp qui dégageait quelque chose pour moi et dont je me suis vraiment influencé en terme de choix des angles de vue. Il y en a énormément d'autres, pas mal de films américains ou canadiens mais Arizona Dream est celui qui m'a le plus marqué.
Comment es-tu parvenu à installer cette atmosphère si particulière dans Sheltered ?
Johnnie Christmas : Le but de mes compositions est qu'elles provoquent des émotions. Toutes les sensations que peut éprouver un personnage dans l'histoire, que ce soit dans des moments difficiles ou non, ont été pensé sur le moment. Je dessinais l'histoire au fur et à mesure sans connaître ce qui allait arriver. Il fallait que le lecteur ressente tout ça.
Sheltered s'est terminé au bout de 15 épisodes (tous réunis dans l'édition française), sur quoi as-tu travaillé depuis ?
Johnnie Christmas : J'ai commencé à travailler sur Pisces, qui j'espère sortira un jour en France. J'ai aussi travaillé sur un roman graphique avec Margaret Atwood et qui s'appelle Angel Catbird. Il y a de la science-fiction, de l'humour et plein d'autres éléments qui viennent enrichir l'album. Cela va sortir chez Dark Horse aux U.S.A. et pas chez Image Comics comme nous le pensions au départ. C'était très marrant à faire.
As-tu lu et apprécié des comics récemment ?
Johnnie Christmas : J'ai eu un vrai coup de cœur pour une bande dessinée française qui s'appelle Miss Pas Touche. J'ai lu les deux premiers albums et c'est génial. Il y a d'autres volumes ensuite ?
Oui, deux !
Johnnie Christmas : Super nouvelle ! J'ai adoré aussi Aya de Yopougon. Hellboy, Love & Rockets... comme d'habitude ! Ces dernières années, je surveille énormément les bandes dessinées qui arrivent en Amérique du nord.
Si tu avais le pouvoir de visiter le crâne d'un autre artiste pour en comprendre son génie, qui irais-tu visiter ?
Johnnie Christmas : Ahahah c'est bon ça... Oscar Wilde. Il semble qu'il était toujours en train de réfléchir, toujours en mouvement, à la recherche d'un truc génial. Il avait l'air d'avoir une vraie dualité entre le fait qu'il travaillait très dur et les choses qui lui venaient naturellement.
Merci Johnnie !
Remerciements aus éditions Akileos et à Sandrine Châtelier pour l'organisation de cette rencontre.