interview Manga

Kia Asamiya

©Panini Comics édition 2015

Dans les années 90, le nom de Kia Asamiya ornait de nombreux mangas comme le fameux Silent Möbius ou l'épopée fantasy Dark Angel. Multipliant les séries inédites à ce jour en France, le mangaka s'est aussi lancé un défi en travaillant pour le marché américain sur des personnages populaires comme Batman ou les X-Men. Alors qu'il était l'un des invités majeurs du Paris Manga & Sci-Fi Show et malgré une grande fatigue, l'artiste japonais a accepté de répondre à quelques unes de nos questions.

Réalisée en lien avec les albums Silent Möbius T1, Hellboy - Histoires bizarres T2
Lieu de l'interview : Paris Manga & Sci-Fi Show

interview menée
par
28 décembre 2015

Pouvez-vous vous présenter ?
Kia Asamiya : Je suis Kia Asamiya, mangaka connu pour Silent Moebius, Steam Detectives, ou encore Kanojo no Carrera. Mais je travaille aussi pour des séries live comme Kamen Rider Fourze où je réalise le design des méchants, et aussi sur une série en collaboration avec la Corée, Gunblade, où là aussi je réalise tout ce qui est design. Le pilote est disponible sur Youtube si vous le désirez.

Kia Asamiya Comment va votre « jumeau » Michitaka Kikuchi, le nom que vous utilisez dans l’animation ?
Kia Asamiya : En fait, c’est mon vrai nom, que j’utilise effectivement lorsque je travaille dans l’animation. Jusqu’à il y a 15 ans, j’étais assez actif dans ce domaine. Après, j’ai fait un gros break et j’ai repris il y a 2/3 ans avec Uchû Senkan Yamato 2199.

En France, on vous connait principalement pour Silent Moebius, qui a fêté ses 25 ans il y a peu. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur cet ancien titre ?
Kia Asamiya :C’est une œuvre qui m’a beaucoup marquée car c’est celle qui m’a permis d’être connu au Japon mais aussi mondialement. Aujourd’hui, je me dis qu’il y a 25 ans, j’étais jeune et que j’ai bien bossé (rires).

En parallèle de cette série, vous avez commencé peu après à raconter les aventures de Dark Angel. Malgré sa popularité à l’époque, vous avez eu beaucoup de mal à terminer la série. Comment avez-vous vécu ça et affronté ces épreuves ?
Kia Asamiya :Je suis triste, évidemment. C’est une œuvre qui avait du succès internationalement. Hier encore, pendant une dédicace, on m’a demandé « à quand la suite ? ». Le problème est dû à une différence de politique entre l’éditeur et moi-même. Je ne voulais pas l’arrêter mas j’y ai été contraint. Il y a 15 ans, quand je suis venu à Angoulême, c’était plus Dark Angel que Silent Moebius qui était mise en avant comme œuvre phare.

A l’époque, la série a été annulée au Japon. Vous l’avez reprise un peu plus tard aux USA et en couleurs. Comment est venue cette collaboration avec les américains ?
Kia Asamiya : J’avais un ami qui travaillait aux USA chez Image Comics sur une série de Spawn et qui m’a proposé une fois la série arrêtée de la reprendre aux USA.

Kia Asamiya Vous travaillez sur de nombreux titres à l’époque. La série Assembler, suivie de Compiler, mais aussi Dark Angel et Steam Detectives juste après. Comment avez-vous fait pour mener autant de projets en parallèle ?
Kia Asamiya : C’est parce que j’étais jeune ! (Rires) Je ne dormais pas beaucoup. J’avais une deadline chaque semaine. J’avais des séries dans des revues mensuelles, mais comme j’en menais la plupart du temps trois en même temps, cela ne changeait rien au nombre de pages que je devais fournir chaque semaine.

Comment vous êtes-vous retrouvé sur de séries comme Star Wars Episode I ou < i>Uncanny X-Men ?
Kia Asamiya : Pour Uncanny X-men, c’est un ami éditeur aux USA qui était dans le réseau des comics qui m’a proposé de travailler avec Marvel. A l’époque, cet éditeur était en freelance, et aujourd’hui il est chez Marvel. Pour Star Wars, c’était au moment de la sortie de l’épisode I, La Menace fantôme, et c’était surtout destiné à un public jeune puisque c’était dans CoroCoro comics, une revue pour enfant, et le but était de leur faire découvrir l’univers de Star Wars.

En 2001, vous avez travaillé sur un récit de Batman, L’enfant des rêves. Comment avez-vous été approché pour ce projet et étiez-vous fan de Batman à l’origine ?
Kia Asamiya : Je suis fan de Batman à la base, surtout des films de Tim Burton. A l’époque, on m’avait demandé sur quelle licence j’aimerais bien travailler, et j’ai proposé Batman en pensant que ça serait de toute façon refusé, et en fait DC a accepté !

Kia Asamiya Vous avez travaillé pour Marvel et pour des éditeurs japonais. Quelles différences voyez-vous entre un artiste de comics et un artiste de manga ?
Kia Asamiya : La grosse différence est que le manga est centré sur l’auteur avec ses assistants et l’éditeur, alors que le comics se fait en plus grande équipe, avec chacun son rôle, scénariste, graphiste, coloriste, etc. Le manga est plus personnel comme travail, alors que le comic se rapproche plutôt du travail en groupe dans l’animation.

Si vous aviez le pouvoir magique de visiter l’esprit d’un autre artiste, qui choisiriez-vous et pour quelle raison ?
Kia Asamiya : Je choisirai Adam Hughes, qui est l’artiste de comics que je respecte le plus. Sinon il y a aussi Drew Struzan qui dessine les posters de Star Wars ou Indiana Jones. Ce sont vraiment des génies pour moi !

Merci !

Remerciements à Claire Regnault pour l'organisation de cette rencontre et à Mickaël Géreaume pour les questions et la mise en forme de l'interview.

Kia Asamiya