Apparu en 2007 chez Fluide Glacial avec Hector Kanon, Libon a récidivé en 2008 chez Dupuis avec une série tout public simplement baptisée « Jacques ». L’histoire est celle d’un petit lézard qui se prend une mini-bombe nucléaire sur le paletot et qui devient dès lors géant et doué de parole… mais toujours gentil et naïf (il cherche en vain à retrouver une gentille mamie qui lui fait du foie de veau). Nous avons rencontré cet auteur tout aussi gentil que son personnage, mais infiniment plus perspicace, notamment pour ce qui concerne le sens du gag…
interview Bande dessinée
Libon
Bonjour Ivan, puisque ton vrai nom c’est Ivan… D’ailleurs pour commencer, pourquoi Libon comme pseudo ?
Libon : C’est une petite nièce, qui n’arrivait pas à dire Ivan et qui du coup m’a appelé Libon. Et le nom est resté.
Pour faire connaissance, peux-tu te présenter ? Comment en es-tu arrivé à faire de la bande dessinée ?
Libon : Par hasard. J’ai fait une école de graphisme pour faire du… graphisme, de la mise en page, des trucs sérieux. En sortant de l’école, j’ai finalement fait du graphisme pour les jeux vidéo… Et je suis finalement resté dans ce milieu pendant 5 ans.
Sur quels jeux, par exemple ?
Libon : J’ai commencé par des simulations boursières, chez Monte Christo, et puis j’ai bossé sur Game Boy® aussi. Et puis l’envie de raconter des petites histoires a commencé à me démanger… Ma petite fille est née et ça me plombait de plus en plus de partir toute la journée de 8h à 22h, de ne pas la voir. Donc j’ai tout arrêté vers 2004 et j’ai fait des histoires. Avant d’arriver chez Dupuis avec Jacques, j’avais déjà fait quelques histoires chez Fluide Glacial (NDLR : Hector Kanon), à partir de 2006.
Et donc, comment t’es venue cette idée de raconter cette histoire de lézard atomique ?
Libon : J’avais envie de raconter des trucs avec plein de personnages très très bêtes, avec un héros très gentil, mais mal barré dans la vie. Et puis dessiner un petit lézard, ça me branchait bien étant donné que quand j’étais petit j’adorais dessiner des dinosaures… C’était assez facile de le mettre dans une situation où il fait peur aux gens et où il est pourtant hyper naïf.
Tu n’as pas eu peur du procès des scénaristes de Godzilla ?
Libon : Non, la référence est juste en clin d’œil au début. C’était plus un prétexte pour démarrer l’histoire, tout en faisant une blague.
Un monstre gentil, ça fait aussi beaucoup penser à L’île aux enfants…
Libon : J’ai beaucoup regardé L’île aux enfants, en effet. Mais je n’y avais jamais pensé.
Comment travailles-tu le sens du gag ?
Libon : Je pars souvent d’un truc que j’ai envie de mettre… en général, ça tient en une case ou deux, et puis je m’arrange pour construire un truc autour. La maturité de la chose est souvent un peu longue : je retourne le truc dans tous les sens jusqu’à ce que ça marche. Je passe plein de temps sur les dialogues pour que ça soit bien percutant.
Quelles sont tes références ? Alf ?
Libon : Non, pas vraiment… C’est le grand pif, qui donne cette impression peut-être. Je fais surtout des personnages avec des grandes bouches. Au début le nez de Jacques était plus petit. En fait, la prépublication a pris pas mal de temps, et le personnage a évolué. Le nez s’est agrandi, ses bras ont raccourci… Et du coup, aujourd’hui les émotions ne passent plus que par les yeux et la bouche.
Si tu avais une gomme magique, tu changerais quelque chose à ton dessin ?
Libon : Oh oui, il y en aurait énormément… ça doit faire ça pour un peut tout le monde…
Quel est ton personnage préféré dans Jacques ?
Libon : Le personnage de la Mamie, c’est un personnage tout tendre que j’adore. Elle n’est là que pendant 2 pages et pourtant sa présence est sous-jacente durant toute la lecture.
Combien de temps as-tu mis pour réaliser le premier album ?
Libon : Ça a pris 4 ans ! Les premiers épisodes passaient tous les 6 mois, en fait… Je suis arrivé comme un cheveu sur la soupe dans Spirou, parce que ça les avait fait marrer. J’ai envoyé mes épisodes comme ça, quand j’en avais sous le coude, sans délai particulier. En fait, on a parlé de faire un album assez tard, un peu moins d’un an avant le sortie du tome 1. La prépublication a alors été plus régulière et c’était parti comme ça.
Heureusement, la parution du second épisode a juste pris un an !
Libon : Aujourd’hui, j’ai déjà plus de facilités à écrire, parce que j’ai maintenant plus de métier. Je vois mieux ou je vais, je structure mieux les choses que j’ai envie de raconter.
Et as-tu une autre vie de papier en dehors de Jacques ?
Libon : J’ai toujours Hector Kanon chez Fluide Glacial, et je vais essayer de mener les deux projets de front. L’alternance est quelque chose que j’aime bien. C’est aussi pour ça que j’aime bosser dans la presse BD : je saute de l’un à l’autre, en travaillant au choix le matin en me levant sur l’une ou l’autre. Ça me permet de m’aérer la tête, d’éviter toute lassitude. Quand je bosse pour Spirou, j’ai des idées pour Fluide et réciproquement. Les tons ne sont pas les mêmes, les idées ne sont pas les mêmes non plus. Et puis, il faut ajouter Tralaland chez Bayard, qui sortira pour le salon du livre de Paris, en mars 2009.
Si tu étais un bédien, quelles seraient les BD que tu aurais envie de faire découvrir aux terriens ?
Libon : Dans les dernières que j’ai lu (NDLR : l’interview a été réalisée en janvier 2008), c’est le Petit livre rock. Je n’ai pas réussi à décrocher avant la fin. Sinon, j’ai tendance à être assez classique…
Si tu avais le pouvoir cosmique d’entrer dans la tête d’un autre auteur de BD, pour comprendre sa démarche… ou toute autre raison inavouable… ce serait qui ?
Libon : Je ne sais pas vraiment… Goscinny peut-être ?
Tu lis beaucoup de BD ?
Libon : Pas trop non… Et pourtant, on a beaucoup de BD à la maison, parce que ma copine est une meilleure cliente que moi. Pour les influences, je suis plutôt fans des Monty Python, de Goossens.
Merci Libon !