On a tous rêvé de rencontrer un super-héros. Et secrètement, on rêve tous de ne pas avoir Jean-Kader comme voisin. Jeune, bruyant, une canette à la main et la laisse de son pit' dans l'autre. De surcroît, lui-même veut devenir un surhomme, alors c'est la cata dans le quartier. Le responsable (et coupable) de ce super-héros en carton, le dénommé Stivo, a accepté d'obtempérer pour qu'on discute de tout cela ensemble, calmement...
interview Bande dessinée
Stivo
Bonjour Stivo. Peux-tu nous dire qui tu es et ce qui t’as amené à la bande dessinée ?
Stivo : En vrai, je m'appelle Steeve (je ne suis pas allé chercher mon pseudo bien loin !). Graphiste/illustrateur indépendant depuis 6 ans, la BD me passionne depuis tout petit. La création de mon blog BD en 2008 m'a ouvert des portes de cet univers. Un rêve de gosse qui se réalise !
Avant d’attaquer le vif du sujet et ton actualité avec Jean-Kader, tu as aussi signé Dugly, une série de 2 albums chez Bao, et dont l’humour est moins virulent que celui de Jean-Kader… Tu prévois de continuer chacune d’entre-elles ? Peut-être as-tu également d’autres projets ?
Stivo : Pour Dugly, le prochain projet sera un jeu de cartes vendu avec une mini BD de 12 pages. Rien de sûr pour un tome 3 pour le moment… En ce qui concerne Jean-Kader, c'est encore un peu tôt pour savoir s'il y aura une suite. Ça dépendra de son succès. En tout cas, s'il devait y avoir un tome 2, j'ai déjà quelques idées en tête !
Puisque tu es graphiste de formation, est-ce que tu mobilises des techniques propres à ce métier pour la BD et vice versa ? Est-ce que le travail sur un support BD t’a amené une nouvelle ouverture sur tes « boulots » ?
Stivo : Les deux métiers sont liés. Pour mon activité de graphiste indépendant, j'ai de plus en plus de demandes d'illustrations ou de planches BD, dans un cadre plus professionnel que pour mes projets BD persos. Mais ça reste une partie de mon boulot qui me plaît. Et c'est grâce à ma formation en infographie et à mon expérience en agence que j'ai appris à maîtriser les outils informatiques avec lesquels je réalise aujourd'hui entièrement mes illustrations et bande-dessinées.
Tu mets en images tes propres histoires. Peux-tu nous parler de ton rapport à l’écriture ?
Stivo : À la base, je ne suis pas forcément scénariste, mais j'ai toujours aimé réaliser des strips humoristiques souvent inspirés du quotidien. Pour Dugly, on est complètement dans du gag vécu. Pour Jean-Kader, c'est un autre délire, c'est la première fois que je me lance dans un projet scénaristique complètement fictif. Un vrai challenge pour moi ! Je me suis vraiment amusé à le faire, c'est un exercice différent que de s'inspirer de notre vie de tous les jours pour écrire des gags. Mais il n'est pas du tout exclu que je travaille en collaboration avec un scénariste prochainement…
Penses-tu écrire et/ou illustrer une série au scénario plus linéaire, « classique », en un ou plusieurs volumes ?
Stivo : J'y pense oui… mais rien de précis pour l'instant.
Le gag, la caricature, le style cartoonesque ont leurs maîtres. Quelles sont tes influences ?
Stivo : Il y en a tellement, difficile de les lister !
Sur ton blog Trop de la bulle, tu listes de nombreux liens vers les travaux d’autres auteurs, et pas des moindres. As-tu bénéficié du soutien, voire de conseils de certains d’entre-eux ?
Stivo : Ce sont des liens vers des blogs BD que j'aime lire et que j'ai envie de faire découvrir à mes lecteurs. J'ai rencontré quelques uns de ces blogueurs, notamment au Festiblog, et on s'est lié d'amitié avec certains (Lordyoyo, MissBean, Tristan, Saboten, Yllya…). Certains ont mis sur leur blog un lien vers le mien, ce qui m'a certainement apporté quelques lecteurs supplémentaires… échange de bon procédé !
Plus généralement, quels sont les auteurs avec qui tu aimerais travailler ?
Stivo : Je ne sais pas trop avec lesquels j'aimerais travailler, mais ce qui est sûr, c'est que j'aime partir en dédicace avec mes nouveaux collègues de chez Makaka éditions : Shuky, Stan Silas, Raoul Paoli, Ced, Waltch, Johan Troïanovski… On passe des super moments ensemble, ambiance colonies de vacances, j'aime ! Et qui sait, on aura peut-être l'occasion de travailler ensemble un de ces jours…
Revenons à Jean-Kader : comment t’est venue l’idée du personnage et de son environnement ? Etait-ce un projet qui germait depuis un moment ou au contraire, il a émergé rapidement et le reste a suivi « naturellement » ?
Stivo : Jean-Kader a vu le jour il y a une dizaine d'année pour illustrer un scénario de El Diablo (Les lascars) pour un fanzine ambiance hip-hop bien underground. Puis il est passé aux oubliettes pendant un bon moment pour revoir le jour en 2009 pour le site 30joursdebd.com. Ce petit bad boy un peu con me manquait !
Dans Jean-Kader, les Super-Héros sont constamment tournés en ridicule. Au-delà du ressort comique, tu réussis à singer un élément de la culture populaire. As-tu été élevé aux mamelles de Wonder-Woman ?
Stivo : J'aurais bien aimé !
Plus récemment, les Supers ont été désacralisés, par des auteurs anglo-saxons ou américains. Penses-tu que cela a ouvert la voie pour une critique humoristique des Super-Slips ? Les as-tu lus avant de créer Jean-Kader ?
Stivo : Certainement ! Je suis aussi fan des séries Heroe Corp et Misfits, en raison du même principe : des super pouvoirs sans se prendre au sérieux, tout c'que j'aime !
Quel est ton dernier coup de cœur en BD ?
Stivo : J'ai mis le temps, mais je me suis enfin mis à Walking Dead, et ça se mange sans faim ! J'adore !
Si tu avais le super pouvoir d’accéder à l’âme d’un individu, pour en comprendre son génie, son art, les mécanismes de son inspiration, qui choisirais-tu ?
Stivo : Je choisirais un scientifique spécialisé en mutation génétique pour réussir à avoir des super pouvoirs de ouf et devenir enfin le maître du moooOOOOoonde ! MouAHAHAAA !!!
Enfin, il y a-t-il une question que tu aurais aimé qu’on te pose, mais qui n’est jamais venue ?
Stivo : Si je porte des slips ou des caleçons ? Mais bon, puisque je vois que tout l'monde s'en fout, je ne répondrai pas à cette question.
En tout cas, merci beaucoup Stivo !
Stivo : Y'a pas d'quoi !