L'histoire :
Gregor Samsa est un représentant de commerce qui ne compte pas ses heures de travail. Avec son salaire, il entretient sa famille : il paye le loyer de la maison, ses parents n'ont plus besoin de travailler, sa sœur peut étudier, et ils ont une charmante domestique. Toutefois, ce matin, alors que la sœur et les parents prennent le petit-déjeuner tranquillement, un énorme cri se fait entendre en provenance de la chambre de Gregor. La famille commence à se demander si Gregor est parti travailler. C'est alors qu'arrive le patron du jeune homme, inquiet et étonné de ne pas le voir. Tout le monde se dirige vers la porte de la chambre de Gregor qui prétend ne pas pouvoir ouvrir car il est souffrant. Le père insiste et découvre que Gregor est devenu un cafard géant ! Il ne peut donc plus s’occuper de la famille, et le père va vite connaître un calvaire à cause de cela...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bargain Sakuraichi est en réalité le pseudonyme de Toshifumi Sakurai que l’on connaît surtout pour des titres singuliers : Ladyboy vs Yakuzas et La Virginité́ passé 30 ans. Le mangaka s’attaque cette fois à une œuvre très célèbre, La métamorphose de Franz Kafka. Toutefois, il en livre ici sa propre version et ne se contente pas d’illustrer le récit. L’œuvre originale se situe ainsi du point de vue de Gregor, l’homme devenu cafard et reclus dans sa chambre, alors que le manga se place du côté du père. Ainsi, sans excuser le comportement de la famille, il décrit sa descente aux enfers dès lors que leur « source de revenus » disparait. Et le père, qui devient le personnage central, n’offre pas un portrait très reluisant : fainéant, lubrique, radin... Pour le coup, le trait du mangaka sait très bien mettre en avant la laideur (physique et psychologique) de la famille et rend le cafard, muet, finalement très sympathique de par ce qu’il subit. Il est vrai qu’il y a une certaine touche de misérabilisme dans tout cela, mais ce n’est pas bien gênant : cela permet de bien décrire la spirale infernale de la famille, de décrire une société vile et de rendre le récit très rythmé et vivant. Cela fonctionne vraiment bien, on s’y croirait vraiment et l’œuvre de Kafka fait peau neuve sans être dénaturée. Pour l’anecdote, sachez que l'ouvrage original datait d'il y a plusieurs années et qu’il n'existait plus de fichiers exploitables pour la réalisation de la version française : le mangaka a donc dû se charger de retrouver l'intégralité de ses planches pour qu’on puisse découvrir ce titre. Heureusement qu’il l’a fait car cela vaut le coup d’œil !