L'histoire :
Au large du Japon, une île oubliée et inaccessible n'est pas pour autant inhabitée. Il s'agit de l'Île du Démon, où des japonais habitent depuis un temps indéterminé. Cette population aux coutumes primitives vit en harmonie avec la nature. Les rites chamaniques gouvernent leur quotidien et les vêtements se limitent à l'essentiel. On pourrait se croire chez les indiens d'Amérique, si ce n'est qu'on a affaire ici à une société matriarcale. Le récit débute sur le drame vécut par trois enfants qui, en jouant sur la côte, se conclu par la noyade de la plus âgée d'entre elles. Des années plus tard, on retrouve les deux enfants restant, devenus adultes et vivant en couple : Torago, devenue une femme pleine de détermination, et Kukuri, toujours aussi hésitant. Leur vie va être bouleversée par l'arrivée de Manamé, une jeune naufragée. Celle-ci ressemble étrangement à la sœur de Torago, la disparue. Or, jouant de malchance, l'arrivée de Manamé semble coïncider avec l'activation du volcan au cœur de l'île. La relation de causalité ne fait aucun doute pour les mystiques du village, il faut se débarrasser de cette naufragée. C'est le début de la fin...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Haruko Kashiwagi a dû se confier pour mission personnelle de bousculer ses contemporains. Après un Initiation qui mettait en question la sexualité, voici une nouvelle série qui affiche une société visiblement matriarcale. Pourquoi est-ce surprenant ? Et bien, le Japon est quand même une société dominée par les hommes et les rapports entre les deux sexes sont très codifiés. Rien que pour cela, Rivage a dû en bouleverser plus d'un. Mais cette particularité n'est pas le seul atout de ce manga. Le récit est bien mené et la progression de l'intrigue est parfaitement maîtrisée. On se demande d'ores et déjà ce que nous réserve l'auteur comme surprises dans le deuxième tome. Certes, pour apprécier ce manga il ne faut pas être choqué par de la nudité. Elle n'est en rien vulgaire ici, bien au contraire, elle renforce le contraste entre le caractère de ces femmes décidées et l'image que l'on peut avoir de la femme japonaise : docile et soumise. Les traits de l'auteur vont aussi en ce sens, les femmes ont une morphologie en adéquation avec leur personnalité. Ils ne suivent pas la tendance des visages fins mais tant mieux car le résultat n'en est que plus réaliste. C'est vraiment dommage que les pages en couleur dans l'édition japonaise aient été si mal adaptées à une publication en noir et blanc ; on commence la lecture sur une mauvaise impression. Espérons que les tomes suivants auront un meilleur traitement, car cette série s'annonce détonante !