L'histoire :
Au printemps, lors d’un jour de tempête, le père de Kiyoshi mourut dans un accident : à l’époque, le garçon n’avait que huit ans et son frère aîné, Takashi, onze. Kiyoshi n’a jamais oublié le dos de sa mère en pleurs ce jour-là et se rappelle que sa meilleure amie, Kumiko, lui a tenu la main tout le long de la cérémonie des funérailles. Le père de Kiyoshi avait un rêve, celui que ses fils deviennent des joueurs professionnels de base-ball, et ceux-ci ont donc poursuivi cette voie. Six ans plus tard, Takashi est au pensionnat du lycée S et un bel avenir de joueur de base-ball lui semble promis. Son équipe vient en effet d’être sélectionnée en final du championnat des lycées et le jeune homme est revenu passer quelques jours dans sa famille. Dès qu’elle apprend la nouvelle de son retour, Kumiko se précipite pour le voir : il faut dire que la demoiselle est amoureuse de lui depuis des années même si elle n’a jamais osé lui avouer ses sentiments. Takashi est surpris que Kiyoshi ne soit pas là pour l’accueillir mais l’est encore plus quand sa mère lui annonce que le garçon semble avoir arrêté le club de base-ball. En fait, Kiyoshi est furieux contre tout : Takashi qui semble être un héros aux yeux de tous, Kumiko à qui il ne peut avouer ses sentiments, sa mère qui fréquente un autre homme, et lui-même qui n’est pas à la hauteur de ce qu’on attend de lui...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce titre est une œuvre de jeunesse d’Ai Yazawa, réalisée bien avant que ne sortent ses séries phares que sont - entre autres - Paradise kiss ou Nana. De fait, le trait est assez vieillot mais on reconnaît sans peine son style dans le design des personnages masculins, et la qualité générale est là : protagonistes expressifs, mise en page dynamique, tramage varié, décors relativement bien représentés... En ce qui concerne l’histoire, on découvre celle de Kiyoshi, un adolescent qui vit très mal ses quatorze ans et qui est en colère contre tout : son père mort il y a six ans, son frère que tout le monde idolâtre, une mère qui fréquente un nouvel homme, une amie d’enfance qui ne le regarde pas... Bien que cette accumulation de sources de colère et de chagrin soit assez grande, le récit ne plonge pas dans le pathos car les éléments arrivent au fur et à mesure et sont mis en scène de façon à dégager une sensibilité importante avec beaucoup de pudeur et d’émotions. Du coup, on est plongé dans l’intrigue et on s’attache à tous les personnages car chacun possède des faiblesses qui le rendent fragile, et tous savent faire des sourires désarmants. En ne datant pas précisément son histoire, l’auteur permet au lecteur de se retrouver dedans encore plus facilement et cela renforce donc l’immersion. A l’époque, Ai Yazawa savait déjà narrer d’une main de maître les tumultes de l’adolescence - et de la vie de manière plus générale. A noter que le dernier chapitre est la suite d’une autre œuvre de l’auteur jamais parue en France (Marine Blue, rien à voir avec le titre éponyme paru chez feues les éditions SeeBD) : que l’on connaisse déjà le personnage de ce récit ou pas, cela n’est pas un problème et là encore on a le droit à une histoire sensible et efficace. Avec ce titre, les fans de l’auteur devraient être ravis et les autres ont ici une bonne raison de s’y mettre.