L'histoire :
Le moment est venu de présenter le vin que les deux fils de Yutaka Kanzaki pensent chacun être le 5ème apôtre. C'est Shizuku qui commence en proposant un Montrachet, grand cru de 2000 de Marc Colin : le bouquet de ce cru est celui qu'il pense se rapprocher le plus de ce qu'il a vécu au mont Cervin et c'est pourquoi il a choisi ce vin. Encore maintenant, les arômes qu'il peut sentir en débouchant la bouteille le rendent sûr de lui. Pourtant, en le gouttant pour la première fois, Shizuku se rend rapidement compte que les impressions dégagées en bouche, si elles rappellent effectivement ce qu'il a vécu en gravissant la montagne, ne sont pas pour autant aussi difficiles d'accès, aussi austères et rugueuses que le fameux mont Cervin ; elles ressemblent plutôt au mont Blanc, avec une minéralité ronde et empreinte de douceur ! Le jeune homme a beau s'être planté dans les grandes largeurs, il sourit pourtant car il sait que cette expérience n'a pas été vaine. Vient le tour de Tomine : celui-ci aussi a fait l'ascension du mont mais l'aventure a été beaucoup plus dangereuse pour lui et a également fait ressortir de déplaisants souvenirs oubliés jusqu'alors. Et le vin qu'il a choisi, un Chevalier Montrachet, de 2000 également et de Michel Colin-Deléger, le cousin du producteur choisi par Shizuku, correspond tout à fait à cela, avec notamment une minéralité écrasante ! C'est donc sans surprise qu'Isseï Tomine remporte cette manche dont la thématique était "l'épreuve", mais le jeune homme ne semble pas satisfait de sa victoire : sans décrocher un sourire, il n'envoie pas non plus de pique à Shizuku ni ne prononce une phrase avant de s'en aller. Et il y a de quoi être perturbé : le vin choisi par Shizuku est celui qu'Isseï pensait en premier lieu être ce fameux apôtre et dont il a débouché une bouteille au coeur du blizzard durant l'ascension du mont Cervin, et il est fort probable que Shizuku l'ait également choisi car il en a senti les effluves en plein cœur de la tempête, ce qui prouve encore une fois qu'il possède un odorat à nul autre pareil...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce nouveau volet s’ouvre sur la conclusion du duel concernant le 5ème apôtre. Isseï Tomine et Shizuku Kanzaki ont tous deux amené le cru qu’ils pensent être le vin en question, et comme souvent leur vue a divergé sur le sujet. Si c’est sans beaucoup de surprise ni de suspense (pour une fois, les auteurs ne tournent pas trop autour du pot et donnent presque immédiatement le résultat) qu’on apprend qui est le vainqueur de cette nouvelle manche, c’est plutôt la réaction des deux protagonistes suite au résultat qui se montre intéressante. Puis, le récit prend le temps de revenir sur les histoires d’amours de plusieurs personnages secondaires : tout d’abord Takasugi (le directeur de la chaîne de supermarché que Shizuku a aidé pour le rayon vin) que son père cherche à caser mais qui va finalement trouver son oiseau bleu du bonheur grâce au vin, puis M.Mishima pour son histoire d’amour avec la française dont on nous parlait il y a quelques volumes qui est remise au goût du jour. Ce second passage, loin d’être seulement du remplissage permettant aux auteurs de réfléchir à la suite du scénario principal, est également l’occasion pour Shizuku de découvrir une nouvelle chose concernant les apôtres. Cette révélation donne une nouvelle dimension à la compétition qui l’oppose à Isseï dans ce duel et est probablement loin d’être anodine quant à la suite du récit. Enfin, ce 18ème opus se termine sur un nouveau défi pour le département des vins où travaillent Shizuku et Miyabi : obtenant une place imprévue sur un salon dont le thème est le mariage entre le vin et la nourriture, ils vont devoir se plier à un exercice encore inédit pour eux, à savoir trouver une liste de crus s’accordant avec divers plats d’un restaurant chinois (et qui plus est, avec très peu de temps pour se préparer à la manifestation). Des chapitres bien remplis donc, et où les graphismes sont comme toujours au top, même si on n’a pas spécialement droit cette fois-ci à des décors somptueux (en dehors d’une ou deux planches revenant sur les récents événements en montagne) et que les planches sont donc relativement communes. On regrette par contre que la qualité de l’édition laisse quelque peu à désirer sur certaines planches où le tramage est moiré et se retrouve donc avec un effet de quadrillage désagréable. En dehors de cela, c’est donc comme toujours un volume de qualité qui nous est proposé, complété comme d’habitude par une douzaine de fiches techniques sur différents crus. A lire pour tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin au vin !