parution 18 mars 2006  éditeur IMHO  Public ado / adulte  Mots clés Aventure - Action / Fantastique - Etrange / Horreur / Mondes décalés / Seinen

Bambi T1

Bambi a enlevé un garçon que la star mondiale de la pop veut à tout prix récupérer. Toute la pègre se lance à ses trousses, mais la jeune fille tue sans hésitation tous ceux qui la gênent. Un road movie punk et trash à réserver à un public averti.


 Bambi T1, manga chez IMHO de Kaneko
  • Notre note Red Star Red Star Red Star Red Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Red Star Red Star Red Star Red Star

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    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Red Star Red Star Red Star Red Star

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    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©IMHO édition 2006

L'histoire :

Sortie de nulle part, la jeune fille lui pointe son flingue devant le nez : « Moi c’est Bambi, et je crève la dalle ». En venant travailler dans sa superette aujourd’hui, l’employé ne s’imaginait pas se faire braquer par une jeune punk tenant un gamin en laisse ! Tandis que l’enfant se gave de toutes les sucreries qui lui passent sous la main, Bambi tabasse l’employé : il n’y a pas de bouffe saine dans son magasin ! C’est qu’elle tient à sa santé... Sur la route non loin, deux mafieux tracent la route en direction de la mer pour offrir des chaussures en béton au jeune homme menotté qu’ils trimballent sur leur siège arrière. Ils ont également reçu un avis de recherche où un mystérieux commanditaire demande à éliminer une jeune fille du nom de Bambi et de récupérer sans une égratignure le gamin qu’elle a kidnappé, et ce, pour la modique somme de 500 millions ! Des deux malfrats, le plus vieux sent l’arnaque : soit c’est une blague, soit c’est un piège ; pas moyen qu’ils s’embarquent dans cette histoire farfelue... A l’heure du déjeuner, il font une halte sur le parking d’une superette où ils tombent sur une scène bien étrange : l’employé est en train de braquer avec un fusil à pompe une jeune fille tenant un gamin en laisse ! Comprenant qu’il s’agit de Bambi, les deux mafieux la mettent eux aussi en joue, voyant déjà l’extraordinaire prime dans leur poche. Manque de chance, malgré ses airs, Bambi n’hésite pas un instant à leur mettre une balle dans le front avant de repartir tranquillement avec leur voiture, non sans avoir auparavant libéré le gars attaché à l’arrière, non par sympathie, mais parce qu’il la gêne ! De nouveau sur la route, Bambi va croiser de nombreux adversaires intéressés par la prime, tandis que le jeune homme qu’elle a sauvé se met à la suivre de loin, sans trop savoir comment il pourrait bien récupérer lui aussi l’argent promis mais, vu de quoi Bambi est capable, plutôt par la ruse que par la force...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Dès la première seconde, la couverture donne le ton : une jeune fille au look punk brandit un calibre fumant rose fluo et une bouteille d’eau minérale (consommer des produits sains, c’est important !). Elle, c’est Bambi, et il ne faut pas la faire ch... Bambi, c’est du road movie - mais en BD, pas en movie - déjanté, mêlant pop et trash dans un style qu’adorerait sans doute Quentin Tarantino (Kill Bill...) et surtout Robert Rodriguez (Desperado, Planètes terreur...), voire même Frank Miller (Sin city), sans parler de Takashi Miike (Ichi the Killer...) ! Passé la couverture, les premières planches immergent immédiatement le lecteur dans l’ambiance : un flingue en extrême gros plan, et une phrase d’auto-présentation qui reviendra d’ailleurs souvent par la suite, « Moi, c’est Bambi, et je crève la dalle ! » (changez la fin selon votre envie du moment...). Pointant son flingue rose fluo sur l’employé d’une superette, Bambi se sert sans s’encombrer de la morale ni des lois, telle la sociopathe qu’elle est, imperméable à l’empathie et ne connaissant presque rien de ce qui peut bien composer « une vie normale ». Ce qu’elle veut, elle le prend, et souvent par la force, c’est comme ça qu’elle a été élevée ! Elle, c’est Bambi, une petite fille dans un corps d’adolescente et dont les jouets font des trous ou explosent. Elle, c’est Bambi, et elle va en ligne droite, dézinguant les obstacles à coup de balles, ou à défaut avec ce qui lui tombe sous la main. Son but est de ramener « aux vieux » un môme qu’elle vient d’enlever et que son ancien « propriétaire », la star mondiale de la pop qui pervertit la gente féminine à coup de pouvoir étrange et de drogues fortes, « The King » Gabba, un mélange d’Elvis période crise cardiaque et d’un vampire croisé avec Jabba The Hutt, veut récupérer en échange d’une prime de 500 millions qui a mis toute la pègre sur la route de Bambi. L’enfant, étrange et taciturne, et qui rappelle très fort un certain Akira, est complètement indifférent ou presque au déluge de cadavres autour de lui, ne pense qu’à manger et ne réagit que pour sauver de temps en temps les fesses de celle qui le traîne en laisse derrière elle, formant ainsi de manière inattendu avec la jeune fille un duo choc et tout à fait bizarre. Vous l’aurez compris, il s’agit là de BD « alternative » aux antipodes des seinen mainstream qui forment 95% de la production arrivant jusqu’en France. Et les graphismes ne font pas bande à part : imprimés en nuances de rouge, les dessins d’Atsushi Kaneko ont un style qui tend vers un réalisme cartoon mi-caricatural, où les sales gueules sont légion, où le sang au rendu épais gicle sans complaisance, et où le genre asiatique (influence Taiyo Matsumoto, Amer béton) rejoint la ligne claire européenne et les comics « underground » des années 70 (influence Robert William, ou Paul Pope, un auteur américain qui a aussi publié des titres au Japon et a lui-même été influencé par les mangas !) dans une synthèse presque parfaite. La mise en scène et le découpage sont également très travaillés, tout comme le sont les décors et les détails. Le tramage, réalisé sans doute à l’ordinateur, n’est pas oublié non plus et est présent par petites touches. Cela, mélangé à l’encrage façon feutre, donne un aspect très lisse et clair à l’ensemble dans un parfait contrepoint de l’histoire racontée (qui, elle, est tout à fait sordide), ce qui rajoute encore une dose de décalage à cette œuvre. De chapitres en chapitres, le mangaka s’amuse à changer les ambiances et les références, tantôt western moderne, tantôt film noir mafieux époque prohibition, tantôt hard-boiled façon John Woo, tantôt horreur à l’américaine, tantôt yakusa, tantôt indéfinissable... Une œuvre qui, si elle ne plaira pas à tout le monde, a au moins le mérite de proposer quelque chose de différent et d’original (dans la mesure du possible et par rapport au gros de la production japonaise en tout cas) tant dans le fond que dans la forme, ce qui s’inscrit tout à fait dans la lignée éditoriale d’Imho. En bref, elle c’est Bambi, et soit vous accrochez, soit elle vous crève !

voir la fiche officielle ISBN 9782915517187