L'histoire :
Kôtaro est serveur au café Chat Noir. Profitant d’une pause pour papoter avec ses collègues féminines, le jeune homme entend parler d’un tueur en série surnommé le tronçonneur et qui sévirait dans le coin. Kyôkô adore ce genre de faits divers et devine souvent qui est le coupable. La demoiselle se met à imaginer comment le tueur fait pour découper ses victimes en deux et interroge ses collègues, la théorie avancée par Kôtaro à ce moment ne lui paraissant que moyennement possible. A la fermeture, les jeunes femmes vont dîner ensemble mais Kôtaro ne les accompagne pas car il doit aller au cinéma voir un film. Dans la salle, il remarque une jolie jeune fille et l’aborde après la séance. Ils se trouvent une passion commune pour le cinéma d’horreur et la demoiselle invite Kôtaro à boire un verre. Au bout d’un moment, ils se mettent à s’embrasser et Kôtaro demande à la jeune femme d’aller prendre une douche avant d’aller plus loin. Celle-ci s’exécute mais à peine est-t-elle nue que Kôtaro la rejoint et l’attaque : il la violente, la ligote et la coupe ensuite en deux. En fait, il est celui qu’on appelle le tronçonneur. Cependant, 10 jours plus tard, un autre meurtre est attribué au tronçonneur alors que Kôtaro ne tue qu’une fois par mois : qui est cet usurpateur ? De son côté, le mangaka Shintaro Kago aimerait faire autre chose que de l’ero-guro et va se pencher sur cette affaire de manière très particulière...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Auteur de Carnets de massacre et 13 contres cruels du Grand Edô, Shintaro Kago nous propose ici une histoire de tueur en série sur les deux tiers du volume. Cependant, même si les meurtres en eux-mêmes sont assez atroces, ce n’est pas de l’ero-guro qui nous est proposé : à la place, on a le droit à un titre policier qui nous invite à suivre le tueur pendant que l’auteur (qui se met lui-même en scène) nous explique que la manipulation narrative dans un récit permet de duper le lecteur pour un effet de surprise total lors des révélations de fin. Du coup, on a le droit à un cours très instructif sur la manipulation des images de manière à nous faire croire autre chose que ce qu’il se passe en réalité, et on en vient alors à douter de l’identité du coupable dans le récit qui nous est présenté. Le suspense et le mystère sont donc de mise et on est complètement absorbé par l’histoire qui est très prenante et attise pleinement notre curiosité. Les révélations de fin sont d’ailleurs vraiment étonnantes et on ne peut que souligner la main de maître avec lequel le mangaka a construit son scénario. Puis, après un petit lexique moyennement utile et entretien avec un romancier japonais, le dernier tiers propose de l’ero-guro avec quatre histoires courtes qui raviront les amateurs du genre, avec du sadomasochisme, de la mutilation et des insectes qui grouillent. Dans tous les cas, les graphismes sont au top et le réalisme du trait ne rend le tout que plus saisissant. Les cases ne manquent pas de décors détaillés et les personnages qui y évoluent sont redoutables d’expressivité. Vous l’aurez compris, ce titre change pas mal de ce que l’auteur a l’habitude de produire mais il est impossible de ne pas en apprécier la saveur.