L'histoire :
Il fait nuit. Dans les ruines d’une usine désaffectée, un collégien est en train de fuir ses poursuivants, des jeunes hommes qui le pourchassent en parlant allemand. Malheureusement pour lui, le jeune homme se fait capturer : il est alors amené au reste de la bande du Litchi Hikari Club, mené par un certain Zéra. La victime reconnaît ses agresseurs qui ne sont autres que des camarades de sa promo mais ce n’est pas cela qui va le sauver. Au contraire, il en a trop vu et chaque membre du club en va de sa suggestion pour le tuer : lynchage, torture, expériences en tous genres... Finalement, Zéra retient la proposition de Nico : brûler les yeux du curieux. Cependant, le jeune homme n’est pas la seule proie du groupe : ils ont attrapé leur professeur d’histoire mondiale qui avait suivi le jeune homme. Les membres du club la déshabillent pour constater sa laideur avant de l’étriper, la laideur de ses tripes étant écœurante. Puis, le groupe peut revenir à son projet : fabriquer un robot qui va leur ramener de belles filles…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Usamaru Furuya est un mangaka prolifique qui change souvent de genre et de style graphique et, ici, il verse dans l’ero-guro avec cette adaptation de la pièce de théâtre de la compagnie Tokyo Grand Guignol dans laquelle on suit un groupe de collégiens psychopathes à la recherche de la beauté et qui construisent un robot chargé de leur amener des filles, la mutinerie s’installant petit à petit jusqu’à venir à bout du groupe. Le déferlement de violence auquel s’adonne les jeunes hommes étant à l’origine créé pour choquer et la sexualité étant particulièrement hors-norme, on pense irrémédiablement à une sorte d’Orange mécanique mais en version huis-clos (la majorité des scènes se déroulant dans la base secrète du Litchi Hikari Club) où la folie est beaucoup plus présente. Néanmoins, ce n’est pas cela qui fait vraiment l’intérêt de ce titre car on y décèle des thèmes plus profonds et qui incitent à la réflexion, notamment la critique du pouvoir absolu (le parallèle avec le nazisme étant d’autant plus flagrant que les jeunes sont en uniforme et parlent régulièrement en allemand), l’encouragement de la pensée individuelle, l’éveil à la sexualité et à l’amour. La paranoïa dont fait preuve le chef, Zéra, est d’ailleurs l’origine même de toutes les trahisons, et la manière dont chacun des membres prend peu à peu conscience des horreurs commises est bien amenée. Le mangaka nous explique dans la postface les quelques remaniements qu’il a apportés au scénario : ceux-ci sont moyennement intéressants (il est peu probable que le lecteur français ait pu voir la pièce d’origine) mais ils ont au moins le mérite de nous expliquer pourquoi l’auteur a voulu retranscrire cette pièce. On regrettera par ailleurs que les quelques dialogues en langues étrangères (allemand, anglais et latin) ne fassent pas l’objet de notes de traduction de la part de l’éditeur, sans oublier une ou deux fautes d’orthographe. Quant aux graphismes, même si l’action se déroule presque uniquement dans la base secrète, on note que les planches sont fournies et les décors ne manquent pas de détails. La mise en scène est soignée et fait preuve de dynamisme, et on apprécie également les cases pixélisées pour représenter la vision du robot. Les personnages sont quant à eux expressifs, leur folie n’en étant que plus prenante, et leur beauté est assez effrayante. Le seul petit bémol vient de l’édition dont l’encrage déteint parfois d’une page à l’autre. En tous cas, les amateurs du genre devraient apprécier ce titre qui ne manque pas d’intérêt, à essayer.