parution 28 novembre 2013  éditeur IMHO  Public ado / adulte  Mots clés Aventure - Action / Fantastique - Etrange / Seinen

Seraphim '266613336WINGS'

Un virus mortel change les gens en ersatz d’ange et les rend fous. Dans ce monde ravagé, un groupe escorte vers sa terre natale une fillette qui recèlerait en elle le dernier espoir de l’humanité. Un récit ambitieux, passionnant et... inachevé !


Seraphim '266613336WINGS', manga chez IMHO de Oshii, Kon
  • Notre note Red Star Red Star Red Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Red Star Red Star Red Star Grey Star

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  • dessin Red Star Red Star Red Star Grey Star

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©IMHO édition 2013

L'histoire :

Au XXIème siècle apparut une étrange maladie surnommée « l’angélisme » car elle métamorphosait physiquement ses victimes, leur faisant pousser ce qui ressemble à des ailes dans le dos tout en les rendant fous jusqu’à un état végétatif entraînant la mort. On ne connait ni son origine précise ni le vecteur de contamination. A cause d’elle, le monde a été ravagé, principalement le continent eurasien, entre les mouvements de réfugiés, les massacres de masse pour endiguer le fléau, les états tombés dans la guerre civile, la famine... Des millions de morts plus tard, la situation géopolitique du monde entier a changé, et l’ONU et l’OMS dictent les règles. Le cœur du continent eurasien est devenu le royaume des oiseaux dont les mouvements de masse restent incompréhensibles, tout comme l’apparition de spécimens aussi gigantesques que des avions. Les scientifiques restent impuissants devant l’angélisme, aussi l’OMS met en place une mission qui pourrait bien être le dernier espoir de l’humanité. Trois de ses inspecteurs, surnommés d’après les noms des rois mages, devront se rendre au centre de l’Eurasie, sur la terre d’origine d’une fillette, Sera, qui voyagera avec eux : le vieux scientifique Balthazar qui en sait plus qu’il ne le dit sur les mystères qui entourent la fillette ainsi que ses pouvoirs, l’ancien dirigeant Melchior qui a autrefois tenté de sauver les réfugiés qui se présentaient à ses frontières et a ainsi anéanti son propre pays, et le chien Gaspard aux facultés extraordinaires. Mais dans ce monde ravagé où chacun tente d’abord de survivre, chaque pas sera une lutte, entre ceux qui voient en Sera l’antéchrist, ceux qui pensent qu’elle est la sauveuse et veulent l’utiliser à leurs propres fins, et tous ceux qui, malades ou non, ont été rendus fou par ce qu’est devenu le monde...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Mamoru Oshii (scénariste et réalisateur entre autres des plus cérébraux des films d’action et de SF comme Patlabor ou Ghost in the shell en animation, ou encore Avalon en prises de vue réelle) et Satoshi Kon (formé auprès de Katsuhiro Otomo sur le manga Akira, puis mangaka à son tour et enfin réalisateur lui aussi de films majeurs du monde de l’animation tels que Perfect Blue, Millenium Actress, Tokyo godfathers et Paprika). Avec deux noms aussi illustres sur la couverture, on s’attend bien évidemment à lire une œuvre majeure du 9ème art, d’autant plus que d’après la postface, c’était l’un des buts avoués de ce titre. Après la fin du manga de Nausicaä de Hayao Miyazaki, le magazine de prépublication Animage voulait trouver un titre pour lui succéder, et ce devait être celui-ci. Malheureusement, il faut savoir avant de se lancer dans la lecture de Seraphim que, tout comme l’autre manga de Satoshi Kon sorti aux éditions IMHO, Opus, l’histoire reste inachevée, abandonnée en cours de route par le dessinateur qui avait décidé à ce moment-là de réorienter sa carrière vers l’animation. De plus, la collaboration avec Mamoru Oshii avait fini par ne plus très bien fonctionner... Tout cela est d’autant plus dommage que l’histoire est des plus ambitieuses. Elle prend pour contexte un monde presque entièrement ravagé après l’épidémie la plus étrange et mortelle que le monde n’ait jamais connu, « l’angélisme », qui transforme les humains en leur faisant pousser des sortes d’ailes dans le dos tout en les rendant progressivement fous, jusqu’à une mort inéluctable. Personne n’a réussi à trouver le vecteur de la maladie, et tout un chacun peut se retrouver un jour touché. Avec des milliards d’êtres humains contaminés, des exterminations de masse et des mouvements de populations un peu partout dans le monde, la situation géopolitique globale a totalement changé : les gouvernements sont tombés, des pays entiers ont disparu, l’ONU et l’OMS dirigent plus ou moins le monde... C’est dans ce contexte que trois émissaires de l’OMS surnommés les rois mages vont avoir pour mission d’escorter Sera, une étrange fillette au cœur même de la zone la plus touchée de l’épidémie, le continent eurasiatique. Sera n’a pas vieilli depuis 10 ans et est la seule porteuse saine connue du virus, ce qui fait d’elle pour les uns une créature du démon à exterminer à tout prix et pour les autres la sauveuse qui contient en elle le salut de l’humanité tout entière. Et parmi les seconds, si certains pensent à l’étudier scientifiquement et auraient même pu aller jusqu’à la disséquer, d’autres pensent qu’elle doit reprendre sa croissance et mettre au monde le fœtus apparu en elle par ce qui serait une immaculée conception... Voyage à travers un monde en guerre, références mystiques, pouvoirs fantastiques, alliances, trahisons et jeux de pouvoirs géopolitiques, voilà ce qui attend les rois mages et le lecteur. N’omettant aucun détail au background de leur scénario aux ramifications complexes que l’on découvre petit à petit, Mamoru Oshii tout d’abord puis Satoshi Kon dans la seconde partie de l’ouvrage créent un univers passionnant. Si on risque d’être un peu perdu dans les premiers chapitres, on accroche finalement à l’histoire au fur et à mesure qu’elle avance et qu’on appréhende de mieux en mieux les tenants et les aboutissants. Au dessin, Satoshi Kon fournit comme toujours du très beau travail, dont certaines des meilleurs planches de toute sa carrière. Son trait réaliste et son style collent tout à fait au récit, et il nous offre des décors de monde ravagé comme on n’en avait pas vu depuis Akira, ce qui n’est pas étonnant vu l’influence que Katsuhiro Otomo a eu sur le dessinateur. Même si le récit s’accélère dans la seconde moitié du volume et que quelques développements sont peut-être un peu trop rapides, il n’y a pas grand-chose à reprocher à Seraphim, si ce n’est que l’histoire s’arrête au moment même où elle devenait véritablement passionnante et nous avait entièrement rallié à sa cause. Savoir alors qu’on ne connaîtra jamais la fin de ce récit est absolument frustrant et on ne conseillera donc pas forcément la lecture de cette œuvre sans lendemain. Avis aux seuls amateurs de culture générale qui voudraient savoir à quoi aurait pu ressembler une œuvre majeure du monde de la bande dessinée mais qui n’aura été finalement qu’un énorme gâchis.

voir la fiche officielle ISBN 9782915517972