L'histoire :
Kuzuryû est un apothicaire ambulant et, à ce titre, parcourt les villages pour offrir ses services. Cependant, il ne fait pas que fournir des remèdes pour guérir les blessures, il soigne aussi « le mal » : contre la somme de 90 ryô, il accepte d’assassiner les cibles de ses clients. Mais si Kuzuryû rend visite à de nombreux clients, ce qui l’intéresse est uniquement leur réaction quand il dévoile un ornement en métal représentant un dragon à neuf têtes. Appelé également kuzuryû, l’objet aurait 8 répliques dans le pays et Kuzuryû cherche à toutes les acquérir ainsi qu’à percer leur secret. En fait, le kuzuryû que possède l’apothicaire lui vient de sa mère qui le tenait fermement dans sa main quand son village natal a été massacré. Kuzuryû, qui a été élevé par un ascète, est aujourd’hui à la recherche des réponses à ses questions : il veut savoir le secret que renferment ces kuzuryû et comprendre pourquoi on a tué sa mère...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce one-shot de plus de 600 pages, Shotaro Ishinomori nous propose une nouvelle histoire se déroulant à l’époque du Japon féodal. On y suit le parcours de Kuzuryû, un apothicaire doublé d’un tueur à gages mais, contrairement à ce qui est décrit au dos de la couverture, il n’est pas question d’une rencontre avec un joueur de luth aveugle qui lui prédirait son destin : l’homme est en réalité à la recherche de neuf pièces d’un ornement en métal représentant un dragon à neuf têtes afin d’élucider le meurtre des habitants de son village natal et le secret de son nom (les ornements sont en effet appelés « kuzuryû » tout comme lui). Si l’on découvre rapidement sa quête, la mise en place de celle-ci est néanmoins assez longue à démarrer : les chapitres passent beaucoup de temps à nous montrer les missions de l’apothicaire et sa capacité à se battre et l’histoire met de fait un peu trop de temps avant de décoller. Cela est assez dommage car les longueurs ont tendance à baisser un peu le rythme du récit qui n’est pourtant pas dénué d’intérêt. En effet, les rencontres faites par Kuzuryu nous décrivent des personnages hauts en couleurs, dont certains possédant un grand courage, et nous permettent d‘explorer un Japon plutôt réaliste où les pauvres souffrent. De plus, ces scènes offrent des moments relativement dignes d’un polar, ce qui est assez appréciable. De plus, la quête de Kuzuryû est assez mystérieuse car de nombreuses personnes mal intentionnées en veulent à ses kuzuryû, ce qui entraîne une dose de suspense bienvenue. Quant aux graphismes, on remarque tout d’abord que tout est fait à la main : vu l’époque de réalisation du titre, l’auteur n’a pas utilisé de tramage et fait donc ses effets lui-même. Par ailleurs, on note quelques planches « colorisées » à l’encre de chine pour un rendu réussi. Le découpage aussi attire notre œil : très dynamique, celui-ci possède également quelques planches originales et intéressantes. La mise en scène bénéficie elle aussi de ce traitement et possède de nombreux cadrages originaux. De plus, les planches sont très fournies sans être trop chargées, les décors fourmillent de détails et les personnages ne manquent ni de charisme ni d’expressivité. On regrettera tout de même que les scènes d’action ne rendent pas très bien et que certaines cases offrent des silhouettes pas très soignées aux personnages. Cependant, la qualité globale est tout de même remarquable. Au final, Kuzuryû s’avère intéressant à plusieurs points de vue et demeure un titre à découvrir.
