L'histoire :
Pendant des années, les Etats-Unis ont mené un régime de fer sur la Corée. Ayant été le premier à inventer la bombe atomique qui fût alors lancée sur Los Angeles, le Japon a remporté la deuxième guerre mondiale et s’est présenté comme le sauveur de la Corée du Sud. Malheureusement, au lieu d’offrir au peuple son indépendance et la liberté, c’est une nouvelle dictature qui s’est imposée. Soo-hee, une adolescente coréenne, déteste les robots qui parcourent la ville à la recherche d’opposants au régime et n’a pas peur de leur dire à quel point ils la dégoûtent, même si ces propos sont dangereux. Elle passe la plupart de son temps à s’entraîner aux arts martiaux et à boire avec ses amis. Ces derniers discutent du rassemblement organisé le 1er mars pour demander l’indépendance de la Corée : comme il n’y a pas d’entraînement ce jour-là, cela ne serait pas une si mauvaise idée d’y aller. Seulement, cela promet d’être dangereux : à chaque fois, le gouvernement trouve une raison fallacieuse pour annuler les manifestations ou bien pour envoyer des troupes de robots chargés de « calmer » les manifestants….
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En utilisant le principe de l’uchronie, ce diptyque se situe dans une Corée du Sud envahie par le Japon après que celui-ci ait remporté la seconde guerre mondiale. En fait, il s’agit surtout pour l’auteur d’un moyen de faire un devoir de mémoire à propos de l’occupation japonaise du début du 20ème siècle et nous rappeler par ce biais tous ceux qui se sont battus, et se battent encore contre le gouvernement actuel aux tendances dictatoriales et le joug américain, pour vivre dans un pays libre. A travers le personnage de Soo-hee, on découvre une population qui rêve tout simplement d’indépendance et de pacifisme mais qui va devoir se battre contre le régime totalitaire mis en place par l’occupant : le gouvernement exerce une terrible répression grâce a des robots de surveillance (qui ne sont ni plus ni moins que le reflet de simples soldats qui obéissent bêtement aux ordres) et fait en sorte de troubler et/ou d’annuler les manifestations à son encontre. Quant à la technique de dessin employée, celle-ci est assez particulière car les planches semblent directement peintes à l’encre de chine et l’auteur a fait le choix de l’économie des couleurs (peut-être pour renforcer la noirceur du récit) ; il est en revanche dommage que certaines scènes d’action manquent de lisibilité. Dans la préface, l’auteur dénonce la dictature à laquelle est toujours en proie son pays et nous rappelle que le simple fait d’avoir écrit ce manwha pourrait le conduire en prison : voilà un acte de courage à souligner et un titre à découvrir.