L'histoire :
En 1929, un jeune garçon du nom de Tatsukichi arrive au domicile de Monsieur Takano, un riche propriétaire, chez lequel il devient serviteur. Un jour, il rencontre la fille de son maître, Yukié, qu’il trouve fort jolie. Le temps passe et suit son cours mais, au fil du temps, les autres serviteurs s'en prennent à Tatsukichi, car ils sont jaloux du temps que le jeune homme passe en compagnie de la demoiselle. En effet, Yukié l'invite toujours afin de jouer à divers jeux ou occupations. Pendant une séance de lanterne magique, Tatsukichi finit par lui avouer les brimades qu'il subit mais la conversation tourne court, Yukié lui avouant l'amour qu'elle lui porte. Depuis, le jeune garçon est aux anges, allant même jusqu'à écrire le nom de sa bien-aimée dans la neige. Quant à Monsieur Takano, celui-ci élève seul sa fille et passe ses journées à écrire des poèmes. Il est conseillé par Tatsunosuke, un homme jeune et intelligent avec lequel il entretient des relations sexuelles. Mais, un jour, Tatsukichi va assister à l'un de leurs ébats...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Qu’on se le dise, graphiquement c’est probablement l’un des meilleurs titres de Kazuo Kamimura qui multiplie les effets de style. Parfois dynamique, parfois poétique, la mise en scène est l’objet d’une grande attention et cela tonifie l’histoire autant qu’elle lui donne de l’allure. Les personnages féminins sont séducteurs à souhait, les hommes sont plus revêches, et tous sont très expressifs. Pour ce qui est des décors et ombrages, ceux-ci sont utilisés à bon escient et créent à coup sûr la bonne ambiance, on est plongé sans peine au bord de la rivière Shinano. Quant au récit, il nous invite à suivre Yukié, une demoiselle à la beauté envoutante mais condamnée à être malheureuse. A chaque fois qu’elle s’éprend d’un homme, la société réprouve son choix et elle doit se battre pour obtenir ce qu’elle veut. Dans le même temps, on suit l’évolution du Japon à travers quelques faits marquants (la guerre bien sûr, mais aussi les révolutions estudiantines par exemple). Il est vrai que les envolées poétiques et symboliques sont un peu déroutantes et qu’il y a très peu de texte, mais cela se lit plutôt bien. La dimension sexuelle, omniprésente, n’est quant à elle pas toujours de bon goût mais elle sert surtout d’exutoire aux personnages qui ne savent pas comment communiquer autrement. Les amateurs de Kamimura apprécieront, les autres seront peut-être un peu trop déstabilisés. On vous laisse choisir votre camp.