L'histoire :
Kyôko s’est rendue à l’hôpital et le verdict du médecin est sans appel : elle souffre d’anxiété névrotique. Selon lui, ce sont les mauvaises conditions de vie de la jeune femme (elle vit avec homme sans être mariée) qui génèrent ce stress et elle devrait y remédier au plus vite. De retour à l’appartement, elle ne dit rien à Jirô, préférant agir comme d’habitude. Un mois plus tard, Kyôko décide de ne pas se maquiller, ni d’aller travailler car elle est fatiguée : du coup, elle s’allonge sur le sol pour dormir. Après lui avoir donné une couverture et un oreiller, Jirô s’apprête à partir au travail mais fait demi-tour en entendant Kyôko pleurer. Cette dernière lui avoue alors la catastrophe : elle est enceinte. Le couple commence à se déchirer et, au bout de quelques jours, la jeune femme va se faire avorter sans en parler à Jirô. Cela lui fait atrocement mal mais ce n’est rien comparé à la douleur que lui inflige Jirô en lui demandant de lui rendre le bébé. Kyôko va alors dans la cuisine et commence à se taillader les veines avec un couteau. Un peu plus tard, emmenée sur un brancard par les ambulanciers, Kyôko regarde dans le vide en répétant en boucle la même phrase : ne m’accable pas...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si le premier volume se révélait intéressant pour l’époque qu’il décrivait, celui-ci se montre beaucoup plus intéressant à tous les niveaux. En s’ouvrant sur les problèmes psychologiques de Kyôko, on sent clairement la tragédie qui ne tarde d’ailleurs pas à venir : après voir avorté, la jeune femme fait une tentative de suicide et sombre dans la folie, laissant Jirô complètement perdu. D’un côté, on a une jeune femme blessée psychologiquement et physiquement, et de l’autre un jeune homme désorienté et livré à lui-même. La détresse des personnages est très bien décrite et les graphismes reflètent à la perfection leur déclin. A part le fait que les médecins considèrent le concubinage hors mariage comme quelque chose de malsain, le sujet reste très actuel et ne manquera pas de toucher le lecteur. Certes, le monde décrit est encore très masculin puisque ce sont des hommes qui doivent décider du cas de Kyoko, mais ce n’est pas ce qui choque le plus. Jusqu’ici, le couple vivait dans l’insouciance et explorait ses désirs ; ici, il découvre l’angoisse, la solitude, le désespoir et l’abandon. Si le style vieillot pourra en déranger certains, les dessins sont par ailleurs bien ancrés dans leur époque et le découpage est particulièrement remarquable. Etant donné que le titre de la série est au passé, on craint fort que le couple ne supporte pas cette épreuve et il nous tarde de découvrir le troisième et dernier volet de la série.