L'histoire :
Contrairement aux apparences, Keun-Tae n’est pas un étudiant coréen ordinaire. Il ne peut appeler sa mère que de cabines téléphoniques pour prendre des nouvelles. De même, il fait profil bas quand il voit des policiers et déguerpit quand on lui demande ses papiers d’identité. Keun-Tae est un fugitif. Son crime ? Avoir manifesté contre la dictature de Park Chung-Hee par la constitution de Yushin. Ses amis lui font rencontrer une autre étudiante, In Jae-Keun. Cette jeune femme est elle aussi une fugitive. Même si cela constitue un danger encore plus grand de se fréquenter, Keun-Tae et In Jae-Keun se rapprochent. Ils finissent par se marier et avoir des enfants. Hélas, le régime ne les a pas oubliés. Tout bascule lorsque, le 4 septembre 1985, Keun-Tae sort de garde à vue. Il est emmené alors à Namyeongdong où il va être torturé, traité comme une bête...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Park Kun-Woong s’est trouvé une vocation, en plus de réaliser des manhwas : lever le voile sur les scandales de son pays, la Corée. Cette fois, il dénonce la captivité de 22 jours qu’a subi Keun-Tae, un militant pour la démocratie. Le récit a de multiples facettes, mais toutes sont passionnantes et épouvantables à la fois : la torture à laquelle est soumise l’homme, la monstruosité devenue banale pour les bourreaux, un régime qui soumet le pays à la délation et la peur, un passé non assumé par le régime suivant... Cela peut bien évidemment ramener à d’autres périodes sombres de l’histoire, nous rappelant que la vie est un éternellement recommencement et que l’Homme continue hélas encore de malmener ses semblables. Les scènes de torture ne sont pas seulement là pour nous horrifier, mais aussi pour montrer à quel point cela peut être érigé au rang d’art et devenir une méthode d’interrogatoire bien orchestrée. On regrette un peu que certaines transitions soient abruptes ou absentes (on n’assiste par exemple pas à l’arrestation de Keun-Tae), mais le tout se lit vraiment bien. Les dessins, tout en noir et blanc, sont très graphiques et savent rendre toute l’intensité des évènements. Terrible, oui, mais terriblement intéressant !