L'histoire :
1973, à Dong Tham au Vietnam. Une patrouille américaine se repose. Les soldats espèrent que le conflit sera bientôt terminé et se mettent à discuter de leur famille et de ce qu’ils comptent faire une fois de retour au pays. C’est alors que l’un d’eux, Griffin, revient après s’être soulagé la vessie. Hélas, celui-ci tient un M16 dans les mains et, visiblement dans un état second, se met à tirer sur son groupe. Il fait trois morts avant d’être neutralisé par des balles dans les jambes. Etant clairement sous l’emprise d’une drogue, tout ce que Griffin parvient à dire est « Banana Fish »... Mars 1985, dans le Bronx, à New-York, plusieurs escrocs notables se suicident. La police a du mal à croire qu’il ne s’agit pas de meurtres, mais n’a pas de preuve pour étayer sa théorie. Ash Lynx, un jeune chef de gang, croise par hasard un homme qui vient de se faire tirer dessus. Avant de mourir, l’inconnu lui remet un objet et murmure les mots « Banana Fish », ce qui va plonger Ash dans des eaux plus que troubles...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Œuvre phare d’Akimi Yoshida, Banana Fish s’offre une réédition de qualité après des années d’indisponibilité : en plus d’une carte postale en bonus, chaque tome (qui correspond à deux volumes de l’édition originale) possède une couverture en relief et l’histoire a bénéficié d’une nouvelle traduction. Les premiers lecteurs comme les nouveaux sauront donc y trouver leur compte. L’histoire se montre très ambitieuse, sombre et violente à la fois : douze ans après le craquage d’un soldat, un jeune chef de gang (dont on apprend rapidement qu’il est le cadet du militaire) se retrouve plongé au cœur d’une affaire de drogue qui dépasse tout ce qu’il a pu imaginer. Le récit nous entraîne dans un monde glauque, sale et impitoyable : trafic de drogue, corruption, milieu carcéral, agressions d’enfants... Sans sombrer dans le racolage et la vulgarité, le scénario nous plonge aisément dans son enfer qui se veut assez réaliste et le côté tentaculaire de l’affaire ne fait que le rendre plus prenant, intense et captivant. Le mystère autour de « Banana Fish » rajoute quant à lui une tension supplémentaire qui n’est pas pour déplaire. Quant aux dessins, en dehors d’un petit côté daté, il n’y a rien à redire : des personnages charismatiques évoluent dans des décors travaillés, et la mise en scène est dynamique et soignée. Une réédition de qualité pour une histoire qui le mérite bien !