L'histoire :
Munich 1918. L’Allemagne a perdu la guerre et souffre depuis lors d’une terrible inflation. La famine fait des centaines de milliers de morts. La famille de Theo Becker essaye de lutter pour survivre mais, à force de ne pas manger, tous les membres ont de plus en plus de mal à bouger. En outre, la nourriture se fait rare. En 1923, Theo a 23 ans et peine toujours à se nourrir. Un jour où il se fait tabasser dans la rue, un adolescent de 14 ans le remarque : il s’agit d’Ulrich Neustädter, le fils d’un directeur de clinique, qui sera plus tard le Docteur U. Le jeune homme voit en lui un superbe cobaye sur lequel tester ses mixtures. Theo est alors remis sur pied mais il se doute que ce qu’on lui donne à boire et manger est louche. Il n’en revient toutefois pas quand il découvre que l’ingrédient de base est d’origine humaine. C’est en repensant à cela que Theo met en garde son petit groupe...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un épouvantable flashback sur la vie de Theo racontant la misère des Allemands qui a conduit à l’ascension de Hitler et les terribles expérimentations des nazis, le récit s’intéresse de nouveau à ce qui se passe au village. Chacun des personnages se retrouve confronté des épreuves redoutables : les deux héritiers sont brièvement livrés à eux-mêmes et confrontés à un dilemme, Naomi s’inquiète de voir le groupe grandir, et Theo cherche à comprendre ce qui se passe auprès du Docteur U. Il y a bien 2-3 rebondissements un peu gros, mais rien qui n’empêche de s’immerger dans la lecture qui est passionnante. Non seulement se posent des cas de conscience absolument terribles avec des dilemmes mortels (littéralement), mais en plus on assiste à l’impitoyable efficacité nazie qui se montre d’une cruauté sans nom. D’autres surprises viennent aussi s’ajouter à cela, notamment concernant les capacités de Neun et Sechs. L’ensemble est lié par une atmosphère pleine de suspense, de fragilité, de violence et de danger, si bien que le scénario se révèle d’une nervosité communicative absolument palpitante. L’intelligence de l’histoire et sa narration maîtrisée en font un très bon moment de lecture, et les graphismes ne font que rendre tout cela plus intense. Bravo !