L'histoire :
1830, dans le village français de Verrières. Depuis la fin de Napoléon, il ne suffit plus d’épouser une noble pour prétendre à un quelconque pouvoir. C’est pourquoi Julien Sorel, fils de charpentier, se destine à la prêtrise : le « rouge » de l’uniforme militaire ne pouvant plus lui laisser espérer un destin comme celui de Napoléon, le « noir » de la soutane devrait par contre pouvoir l’en approcher. Son érudition et sa maîtrise du latin font de Julien le protégé de l’abbé Chélan qui fait alors en sorte de lui trouver une place de précepteur pour les enfants du maire, Mr de Rênal. D’abord outré à l’idée d’être domestique, Julien réalise que cela pourrait lui donner des avantages dans l’avenir et il accepte donc la place. Rapidement, les enfants s’attachent à lui et Julien ne laisse indifférente ni Elisa (la servante) ni Mme de Rênal. Seulement, Julien est trop fier et ambitieux pour se contenter de ce que la vie et l’amour peuvent lui donner...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Spécialisé dans les adaptations d’œuvres classiques (comme Le capital de Marx, ou bien encore Les misérables de Victor Hugo qui paraît en même temps que ce volume), le studio Variety Art Works s’attaque cette fois-ci au roman célèbre de Stendhal : Le rouge et le noir. Piqure de rappel pour ceux qui n’auraient pas lu l’original : fils de charpentier, Julien Sorel rêve de pouvoir et déborde tant d’ambition qu’il se destine à la prêtrise avant de séduire des femmes nobles pour parvenir à son ascension. Cette adaptation manga suit assez fidèlement la trame du roman (quelques raccourcis sont empruntés mais ils n’offusqueront que les puristes tant ils sont mineurs) et la narration ne souffre ni de temps mort ni de précipitation. Les complots des personnages sont bien mis en évidence et les manipulations des nobles et des religieux sont intéressantes. Cependant, l’histoire possède un gros problème, que l’on peut d’ailleurs imputer au roman : Julien n’est pas un personnage attachant. En effet, celui-ci ne pense qu’à obtenir du pouvoir et n’hésite pas à séduire des femmes pour cela : son complexe d’infériorité allié à une fierté exacerbée en font quelqu’un de détestable qui se vexe pour un rien. Ce qui faisait peut-être l’intérêt du roman d’origine, à savoir raconter une époque d’un point de vue à la fois social, politique et humain, à travers un fait divers romancé, ne se retrouve pas aussi bien dans cette adaptation : cet aspect de l’œuvre disparait derrière la « simple histoire » de cet anti-héros. Du coup, on a du mal à être emporté par le récit. Les graphismes sont quant à eux tout à fait honorables et de qualité. Les décors sont soignés et détaillés (nos contrées sont bien représentées), le tramage est varié, le découpage est dynamique et les scènes de sexe ne sont pas vulgaires. Les personnages ne manquent pas de charisme et leurs tenues et coiffures de l’époque sont elles aussi le résultat d’un travail de documentation. Hélas, les dessins ne sauvent pas le récit pour autant et, si ce one-shot se lit facilement, il ne donne néanmoins pas très envie de lire le roman de Stendhal comme c’était pourtant le but avoué dans la préface.