L'histoire :
Lorsqu’il se présente chez Monseigneur Myriel pour demander l’hospitalité pour une nuit, Jean Valjean est obligé de préciser qu’il est un ancien forçat du bagne. C’est d’ailleurs à cause de cela que personne ne veut l’héberger mais Monseigneur Myriel est de ceux qui croient que les gens peuvent changer. Malgré les réticences de sa servante, il accepte donc de nourrir et héberger l’homme qui se tient devant lui, sans avoir peur de dévoiler des couverts en argent. Le lendemain matin, la servante vient trouver Monseigneur Myriel, affolée, pour lui annoncer que Jean Valjean est parti avec toute l’argenterie. Cependant, Jean Valjean est ramené par la gendarmerie chez Monseigneur Myriel. Quelle n’est pas la surprise de l’ancien forçat quand Monseigneur Myriel confirme aux policiers qu’il lui a offert son argenterie. L’homme d’église fait alors comprendre à Jean Valjean qu’il rachète ses crimes avec son argenterie et que, désormais, l’homme devra vivre honnêtement. Cependant, Jean Valjean ne tarde pas à être victime d’un malentendu qui place l’inspecteur Javert à sa poursuite. Quelques années plus tard, Jean Valjean se fait appeler M. Madeleine : maire de la ville de Montreuil-sur-Mer, il est également le patron d’une usine d’orfèvrerie. Là, le destin va mettre l’inspecteur Javert sur sa route ainsi que Fantine, une mère célibataire prête à tous les sacrifices pour sa fille et dont la déchéance ne va faire que s’accentuer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir adapté Le capital de Marx et Le rouge et le noir de Stendhal, le studio Variety ArtWorks s’attaque à un titre non moins ambitieux de Victor Hugo, Les misérables. Le but de cette adaptation n’est pas de retranscrire un pavé de 1500 pages en un manga de 200, mais plutôt de donner envie de (re-)découvrir l’œuvre. On y suit Jean Valjean lorsqu’il sort du bagne et qu’il va chercher à vivre honnêtement : non seulement il va devoir fuir pour cacher son passé et échapper à l’inspecteur Javert, mais il va également rencontrer Fantine à qui il promet de s’occuper de sa fille Cosette. En ce qui concerne le destin de Jean Valjean, Fantine et Cosette, le récit reste fidèle à l’histoire originelle et la narration nous permet une lecture des plus prenantes. Le format one-shot permet d’ailleurs d’offrir un bon rythme et l’ensemble se suit finalement très bien : ceux qui aurait pu craindre de s’ennuyer seront heureux de constater que ce n’est pas le cas. La saga qui nous est présentée est assez fascinante et la fluidité de lecture en fait un moment agréable. Néanmoins, s’il est évident que certains passages ont été tronqués pour faire tenir l’histoire dans ce volume, on regrette certains choix : la dimension politique de l’œuvre s’en trouve survolée, Gavroche est très peu représenté (son rôle devenant pour le coup inutile) et sa sœur Eponine passe aux oubliettes alors qu’elle est un des protagonistes les plus complexes. Un format un peu plus long (2 volumes par exemple) aurait pu être intéressant et aurait permis de développer un peu plus les personnages. De plus, quelques libertés sont prises avec le déroulement des événements (signalées lorsqu’elles se produisent) : cela passe plutôt bien pour l’histoire d’amour entre Cosette et Marius, mais on est un peu plus dubitatif en ce qui concerne la fin de l’inspecteur Javert qui perd une grosse partie de sa crédibilité et donc de son intérêt. Cependant, pour ceux qui ne connaissaient pas l’œuvre de Victo Hugo, cela ne gêne pas et le résultat est là : à la fin, on a envie de lire le roman original pour approfondir l’ensemble. En ce qui concerne les graphismes, le studio produit des planches fournies et à la mise en page dynamique. Les personnages sont expressifs, le tramage varié (à défaut d’être gracieux), et le trait est soigné même si le rendu parfois épais n’est pas des plus judicieux. Au final, malgré quelques détails dérangeants pour les initiés de l’œuvre de Victor Hugo, cette adaptation ne s’en sort pas trop mal est mérite le coup d’œil.