L'histoire :
Ce volume quatre s'ouvre sur la mort du shogun Yoshimoshi et la nomination contestée, car remise au hasard, de Yoshinori. Dans un climat instable de révolte et de famine, le moine zen Ikkyu bat la campagne et vit au jour le jour. Cette errance le mène devant l'ancien monastère dans lequel il connut l'éveil sous l'égide éclairée de maître Kasô. Malheureusement ce dernier a rejoint bouddha sur l'autre berge et a laissé son sceau à Yôsô, éternel rival d'Ikkyu à l'honnêteté douteuse, dans des circonstances troubles. S'ensuit une révolte des transporteurs à cheval et Ikkyu va s'établir à Sakai, port de la mer du Japon dans lequel il retrouve le jeune Heita. Il est bientôt rejoint par Sôgen-san qui devient son premier disciple. Ils fondent ensemble, dans une vieille cabane, le temple shûun-san. Malheureusement, cette période faste pour Ikkyu sera occultée par l'arrivée à Sakai de Yôsô, qui souhaite fonder un temple. Dans le même temps, Momiji, une amie de Ikkyu, semble bien faible...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet ouvrage fait invariablement penser à une fable de La Fontaine lorsque le renard s'adresse au corbeau en lui disant : "si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes assurément le phoenix des hôtes de ces bois". En effet, le dessin est très soigné et remarquablement mis en valeur par la mise en page inhabituelle (227x322mm) pour un manga. Les traits nets et précis aidés par de bons encrages, transcrivent bien l'atmosphère. Mais le dessin ne serait rien sans ce qui constitue le véritable intérêt d'Ikkyu, en réalité double, à savoir une chronique du japon du XVe siècle et la découverte du bouddhisme zen, le tout au travers d'un moine itinérant et fantasque, fils illégitime d'un empereur. Les références historiques sont légions et bien relatées. L’auteur met l'accent sur les problèmes politiques et religieux, en particulier sur une critique des temples bouddhistes qui amassent des richesses de manière hypocrite. Ceci nous conduit au bouddhisme zen qui transpire de ces pages à travers la démarche d'Ikkyu. Ses péripéties sont l'occasion pour l'auteur de présenter et d’expliquer de célèbres koans (enigmes zen) et de proposer une vision assez juste du zen comme art de vie. Une renaissance attendue et méritée donc pour ce manga dans lequel le plaisir est à la hauteur du format.