L'histoire :
C’est dans une tranchée pendant la Grande Guerre, et grâce à un hérisson alcoolique, qu’ils ont scellé leur amitié. Le lieutenant Calixte de Prampéand, habitué aux fastes parisiens, et Léon Matillo, simple trouffion corse, pensionnaire régulier des Baumettes, ont rêvé ensembles, sous la mitraille, à une destinée similaire au légendaire Arudj : un pirate devenu roi du désert… A la fin de la guerre, chacun retourne à ses occupations. Mais le frisson de l’aventure ne tarde pas à les titiller. Aussi, Léon embarque Calixte, sans qu’il se fasse prier une seconde, dans une affaire à priori juteuse : la vente d’armes à des rebelles marocains. Le projet prend des détours inattendus, qui manquent de peu de tout faire capoter. Pourtant, à la barre de leur navire, ils voient bientôt se dessiner les côtes de Tanger. Arrivés à bon port, les deux compères gagnent le lieu de rendez-vous où Paolucci doit se charger de leur faire prendre contact avec les rebelles. Le grassouillet mafieux les met effectivement en contact avec Al Tarzouk, un représentant des Beni Ouriaghel, une des tribus les plus actives dans la rébellion contre les espagnols. En échange des armes, l’homme propose de l’or en pépites, qui fait particulièrement pétiller les yeux de Léon. Le marché est conclu : les 2 amis doivent conduire leur bateau dans la nuit, à l’est de Melilla. Mais en débarquant, ce n’est pas des Beni Ouriaghel et de l’or qui les attendent. Ils se sont fait piéger. Al Tarzouk est un traitre à la solde des espagnols. Léon et Calixte sont arrêtés, emprisonnés et présentés dans la presse comme des espions français…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mise en place avec brio dans l’opus pilote, la rencontre du tandem, constitué par un corse et un aristo, laissait envisager quelques savoureux moments. Passé la surprise, créée notamment par le jeu des décalages et en particulier la naissance d’une amitié forte, malgré les antagonismes sociaux, il fallait que les deux compères aient quelques beaux grains à nous moudre, pour qu’on se laisse attraper définitivement. De fait, ce 2e chapitre tient toutes ses belles promesses en nous offrant un récit d’aventures parfaitement ciselé. La force principale du scénario réside ici dans son incroyable simplicité. Aucun des artifices scénaristiques à la mode (aux vertus attractives) n’est utilisé : point de flashbacks, de multiplication des angles narratifs ou de gros mystère… Non : de l’action, du dépaysement, avec un fond de trame historique, le tout servi par la maîtrise du rythme (alimenté par les dialogues et une « redondance » humoristique bien sentie) et scellés par des personnages fortissimo. Sur le pont de leur navire, dans les souks de Tanger, dans les geôles espagnoles ou les montagnes du Rif marocain, on se laisse emporter. Tout comme eux, enivrés par une poignée de pépites, les yeux troublants d’Anissa et le frisson de la liberté… Bref du grand scénario, une belle leçon d’aventure et d’amitié, renforcés par un graphisme époustouflant : cadrages et mouvements associés à un trait moderne, expressif, mis en valeur par le contraste créé par les masses d’encrages noirs et une colorisation lumineuse-pastelle. Un accord parfait entre images et histoire, donnant l’envie de suivre au long cours l’épopée d’Ahmed, Calixte et Léon…