L'histoire :
Pour avoir partagé la boue des tranchées et rêvé ensemble à des destinées d’aventuriers, Calixte de Prampéand, un aristocrate en rupture de ban, et Léon Matilo, un corse mi-voyou, se trouvent en plein rif marocain à chahuter espagnols et français. Aux côtés d’Abdelkrim El Khattabi, ils font tomber Annoual, raflent Tizza Azza, s’emparent d’Achirkane et collent une belle trempe aux espingos jusqu’aux murailles de Chefchaouen. Léon exulte. Calixte porte, en véritable Prince du Djebel, le regard fier aux côtés du chef des rifains, qui en fait son principal lieutenant. De son coté, Léon est envoyé à Tanger avec Ahmed pour assurer le ravitaillement des troupes et pour délivrer un message d’Abdelkrim au Consul de France. Bientôt, sur les côtes de Tanger, il retrouve Chagnolle, un militaire qui émarge aux services de renseignements. Autour d’un plat de charcuterie et de quelques bouteilles de vins, ils élaborent le programme des jours à venir. D’abord aller loger une balle à ce traître de Paolucci pour que Léon prenne sa place dans ses épais coussins et devienne le nouveau Caïd de Tanger. Ensuite, la livraison d’armes et de pénicilline. Et puis un petit tour à la banque, où Matilo et Chagnolle mettent à l’abri les 30% qu’ils siphonnent aux rifains tous les mois…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Retour sur les rocailles du rif marocain ou sur les coussins épais de quelques alcôves de Tanger, pour suivre cette fois deux trajectoires. Celle de Calixte de Prampéand, l’aristo – que vous ne tarderez pas à voir changer de nom – et celle de Léon Matilo, le corse, qui se séparent pour la première fois. En jeu : une amitié fortement mise à l’épreuve au rythme des tumultes de l’Histoire et des ambitions de chacun. L’amour, l’idéal humaniste, le souffle épique de la liberté, pour l’un. Pour l’autre, la fièvre de l’argent facile et de son pouvoir associé. Au final, une nouvelle leçon d’amitié aux circonvolutions profondément humaines. Et surtout, un condensé d’aventure, d’action, de coups fourrés, d’odeur de poudre et de chevauchées endiablées. Le tout subtilement alimenté par l’Histoire – vraie ou romancée – qui nous plonge dans les arcanes du jeu tordu du colonialisme espagnol et français. Et qui, même, nous fait reconnaitre un petit colonel moustachu avant qu’il ne devienne le tristement célèbre général Franco. Bref, une troisième fois l’épopée est captivante, attachante – via le profil ciselé de ses protagonistes – comme un pot de glu, bondissante à loisir et toujours confiée à des dialogues impeccables ou une narration d’une fluidité absolue. Sans parler de cet incroyable dessin à quatre mains, qui offre son style avec générosité. Un trait élégant pour lequel, mouvements, cadrages, noblesse des visages ou attitudes (ouah ! le charisme d’Anissa…) et parfaite colorisation marquent de manière indélébile le récit. De fait, cette troisième partie confirme et installe la série parmi les toutes meilleures sagas. De quoi en faire un bon film, ni plus ni moins. Et tout ça, à cause d’un hérisson alcoolique !