L'histoire :
Aux portes de la forteresse du Tyran, alors que les huit pierres anciennes vont absorber la totalité de la magie du monde émergé pour une pleine journée, Nihal, dernière demi-elfe du monde émergé, chevauche son dragon vers le Tyran ainsi rendu vulnérable. Elle se remémore alors les moments forts de sa vie, en commençant par sa première défaite. Bien que certaine de ses talents, elle avait jadis échoué face aux armes combinées à la magie. Profondément blessée dans sa fierté, elle choisit d'apprendre la magie, poursuivant son idéal de devenir une guerrière toujours plus forte. Lors de son apprentissage, Nihal avait alors fait connaissance avec la Peur. Désormais, cette dernière prétend commander à notre héroïne, qui se défend becs et ongles et la domine finalement par son amour naissant pour Sennar. Plus tard, sur un champ de bataille, Nihal faisait la rencontre de la Rage en personne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions 12bis publient ici l’adaptation en BD du roman éponyme de fantasy imaginé par l’italienne Licia Troisi. Classiquement, le cœur du récit se focalise sur le thème du tyran qui étend sa domination cruelle, et celui du héros annoncé par la prophétie, qui se dresse pour le terrasser. A travers l’adaptation de Roberto Recchioni, l'originalité de la BD se trouve alors au travers des changements d'états d'esprit de l'héroïne, qui ont fait d'une enfant impétueuse, celle qui aurait la force de vaincre le Tyran. Les entités abstraites personnifiées de la Peur et de la Rage (il n’y a donc pas que la mort à qui l’on peut prêter un visage) rendent les conflits intérieurs de Nihal plus vivants et apportent du dynamisme. Ces entités sont-elles le fruit de l'imagination de l'héroïne ? D'un point de vue graphique, sous les crayons conjugués de Massimo Dall’Oglio et de Gianluca Gugliotta, cette BD a deux visages. Le premier, façon comics, marque le découpage des planches et sert de support aux évènements présents. Ces graphismes apportent une image très mature de Nihal. Les expressions sont travaillées et reflètent les nouvelles forces et faiblesses de l'héroïne, en fonction des changements subis. Le second, façon manga, sert de support au passé. Il est utilisé durant les flashbacks (qui gagneraient à être un chouya mieux introduits) où les dessins sont baignés d'une lumière diffuse, rappelant que nous voyageons dans les souvenirs de Nihal. Les scènes du passé sont globalement très sombres alors que celles du présent contrastent par leurs richesses en couleurs. Ce tome d’exposition met en place pas mal d’éléments et crée une ambiance qui intrigue le lecteur. On attend toutefois beaucoup plus dans la suite !
