L'histoire :
Il n'est jamais agréable d'arriver de nuit dans un patelin où la pluie a visiblement pris ses quartiers depuis belle lurette. La première rencontre entre Albert et Gabriel est calme et presque conviviale, entre l'évocation des bains de mer et les saisons qui n'en sont plus. Albert et Gabriel, l'ancien et le jeune homme espagnol en pleine force de l'âge, vont s'entendre, le temps d'une parenthèse dans leur vie. Comme ce soir où le retour à l'Hôtel est bruyant. Le cadet a la cuite bruyante et le plus agé n'a pas le vin mesquin. Une fois les deux hommes dans la chambre du bel hidalgo, ils évoquent leur façon de bourlinguer. L'un va plus loin que l'autre, mais l'agence de voyage est la même...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Que dire de Gabin et Bébel ? Comment les qualifier autrement que de monstres sacrés ? Et comme ils font partie de l'histoire du cinéma français et de la culture populaire, comment ne pas y être attaché, avec la nostalgie de ces années 1960 où ils ont partagé l'affiche ? Voici donc une adaptation graphique du film d'Henri Verneuil, Un singe en hiver. On note au passage la liberté que les auteurs ont pris avec le titre, en adoptant un terme affectueux, qui renvoie aussi au Gabin vieillissant de l'époque. Le long métrage avait lui même adapté le roman d'Antoine Blondin. Pour les plus jeunes ou les amnésiques, plantons le décor en guise de piqûre de rappel : Albert Quentin (Gabin) est un ancien militaire de la campagne de Chine. Son apétence à l'alcool ne va pas sans poser de sérieux problème dans son couple. Alors que la France est occupée, il promet à sa femme que s'il survit, il ne boira plus. La promesse tient 15 ans, jusquà ce qu'arrive en son hôtel Gabriel Fouquet (Belmondo), jeune publicitaire en pleine crise familiale. Les deux hommes vont s'entendre comme larrons en foire, le temps d'une beuverie monstre, avant de reprendre chacun le cours de leur vie... Cet album reprend ainsi les scènes clés du film, avec un découpage récurent : page de gauche, la devanture de l'hôtel, avec un texte de quelques lignes surplombant le menu du jour (nom de Zeus, chaque ardoise fait saliver !) ; page de droite, une illustration au fusin, entre réalisme et caricature. L'ouvrage n'est donc pas une BD, mais plutôt un recueil d'illustrations. Cependant, elles sont tellement belles, qu'on ne pourra que la conseiller aux fans de cinéma. Avec son format à l'italienne, on se régale du quart d'heure de lecture et de sourires nostalgiques que Chanoinat et Da Costa nous transmettent...
