L'histoire :
A la fin des années 20, Johann Trollmann est un jeune Sinti (tzigane des régions allemandes). Lui et son ami Ruben sont régulièrement rejetés, voire frappés, par des jeunes voyous de race blanche. Johann est dorénavant déterminé à un seul objectif : apprendre à se battre et à se défendre. Il boxe sans arrêt, à longueur de journées, sur un sac de sable dans le grenier de sa tante. Devenu adolescent, Johann s’entraîne toujours autant, si bien que son père finit par appeler un entraîneur de boxe juif : M. Zirzow. Ce dernier est tout de suite fasciné par le jeu de jambes et la puissance des coups du jeune amateur. Il n’hésite pas une seconde : il prend Johann comme élève dans son école de boxe. Johann apprend très vite les rudiments du noble art et survole chaque combat à l’entraînement. M. Zirzow l’amène rapidement sur un ring et les combats spectaculaires de Johann lui permettent de faire fortune. Trollmann devient de plus en plus connu dans le milieu et finit par être une véritable star. Il se fait appeler le « Zigeuner », c’est-à-dire le Tzigane. Malheureusement, l’Allemagne vit des moments difficiles et le parti nazi ne voit pas d’un bon œil la supériorité du jeune Tzigane, qui l’emporte systématiquement sur la race aryenne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La boxe est une thématique peu explorée en bande dessinée. Les auteurs ont ici décidé de l’aborder sous la forme d’une biographie dans l’obscure période précédant la seconde guerre mondiale, en reprenant la vie d’un boxeur pas comme les autres : Johann Trollmann, boxeur tzigane vivant en Allemagne sous le IIIème Reich. Classiquement, on assiste donc à son enfance, à la naissance d’un champion, à sa rage de vaincre, puis à sa consécration dans le domaine sportif. Devenu boxeur populaire, Trollman ne se fait évidemment pas que des amis, car son succès fait tâche face aux idéologies nazies qui se fondent sur la supériorité de la race aryenne. Cette terrible (et véridique) opposition entre le sport et la politique vient en complément de la célèbre anecdote des Jeux Olympiques de Berlin en 1936, lors desquels l’athlète américain noir Jesse Owens gagnera quatre médailles d’or et provoquera la fureur d’Adolf Hitler. Très médiatisée, la boxe sera salie par l’influence des dirigeants allemands qui vont tout faire pour avilir le triomphe du boxeur tzigane et de son entraîneur juif. La bande dessinée focalise donc sur cette vie d’un jeune insouciant qui domine son sport, mais qui se retrouve broyé par le système nazi. Au scénario, Nathaniel Legendre brosse un portrait très académique et finalement peu stimulant. Les combats sont racontés sans réelle passion, l’auteur se contentant d’enchaîner les évènements un à un, de façon quasi mécanique. Le danger nazi apporte toutefois une énorme tension à la fin de l’album et promet un second tome bien plus sombre. D’autant que le destin de Trollmann basculera de façon tragique au moment où il gagnera son titre de champion des mi-lourds. Vu le sujet, sans doute espérait-on un récit plus « frappant »… Heureusement, le dessin de Jordi Planellas, bien servi par une belle mise en couleurs de Florence Fantini, rend le récit plus personnel et moins fade. Notons enfin que cet avis demeure subjectif : l’album a tout de même reçu le Prix VSD de la bande dessinée…