L'histoire :
Tout commence un soir d’été, tard, dans un camping du littoral, après quelques litres de tequila ingurgités et des flots de chansons paillardes beuglées avec ses potes, sous la tente. Irrités par le tapage nocturne, les voisins costauds leur promettent une grosse branlée s’ils n’arrêtent pas leur bordel. Tous la jouent aussitôt profil bas. Tous… sauf lui, qui a la soumission en horreur : « Vas de faire enculer gros connard ! ». Evidemment, il se récolte une belle mufflée. Mais cet incident n’est pas anodin. Il est même fondateur. Le point de départ d’un destin sans pareil. Ce soir là, il décide de devenir « Plageman », un super héros qui prend pour crédo de défendre tous les opprimés par tous les beaufs de la terre dans ce camping du littoral. Le voila en slip, avec une serviette de table en guise de cape et un ballon de volley percé en guise de casque, qui défie fièrement une nouvelle fois les voisins costauds. Et qui se prend une nouvelle rouste de derrière les fagots. Le lendemain, quand il fait jour, agacé par les railleries des voisins costauds, Plageman pète la gueule à un enfant. Puis il se met en tête d’empêcher un couple, qui a trouvé un petit coin de nature peinard, de s’adonner à la gaudriole. Ici, c’est SA place…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce merveilleux Plageman, initialement paru en 1997, Guillaume Bouzard lançait un pavé abrasif et rafraichissant (c’est bien la première fois qu’on peut associer ces deux adjectifs) à travers la tronche du 9ème art humoristique policé. Pas moins. Eh ouais. Et pourtant, ça ne raconte pas grand-chose : juste l’histoire d’un abruti fini qui a décidé, alors qu’il était bourré comme un coing, de faire chier le monde en devenant Plageman, soit L’homme plage. Ses supers pouvoirs à lui : avoir une grande gueule, une incroyable endurance pour encaisser les roustes et une obstination à y revenir perpétuellement (et donc à voler, à l’instar des légionnaires romains dans Astérix). Avec sa nappe-cape dans le dos et son ballon de volley en guise de casque, il va traverser tout un été, puis un hiver, sur le même petit coin de plage, ravissant ses lecteurs d’historiettes de 2 à 5 plages… pages, pardon, à l’aide d’un dessin caricatural mais maîtrisé et appliqué, en noir et blanc. Il ne veut pas que les voisins forniquent dans la nature, il veut rentrer au supermarché pieds nus, il forme un pochtron en tant qu’assistant… Bref, il a décidé que le monde tournerait selon ses convictions débiles. Mais les idées de départ importent moins que les procédés narratifs irrésistibles empruntés par Bouzard pour les traiter. L’auteur fait en effet un usage raffiné de l’ellipse et de la réplique bien sentie, et il impose un style comique nouveau, qu’il réitèrera à travers cinq opus d’Autobiography of… Selon l’endroit où se situe votre curseur d’humour, il est possible de pleurer de rire avec Plageman…