L'histoire :
Accoudé au bar, le vieux loup de mer Pemberton commande un stout, indifférent à l’heure de fermeture. En échange, le serveur exige une histoire de mer. Pemberton se lance : à bord du Hunter, un trois-mâts barque en route vers Valparaiso, il subit la tyrannie du capitaine Jonathan F. W. Littlefoot, un être abject. Après s’être plaint de biscuits infestés d’asticots, il est forcé de les manger, puis puni de vingt coups de garcette. Mais Pemberton encaisse. Plus tard, un capitaine nommé Lematlow veut quitter son navire. Un certain Murdoch lui propose une pension complète avec promesse d’un nouvel embarquement. Mais derrière cette offre se cache une arnaque : la prétendue princesse thaïlandaise n’est qu’une mégère, et Pemberton se réveille piégé sur un baleinier en partance. Deux ans de souffrances dans le froid du détroit de Béring nourrissent sa rancune contre Murdoch. Enfin libre à Auckland, il découvre le Hunter au mouillage, prêt à repartir vers l’inconnu...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette œuvre méconnue de Sirius s’impose comme un véritable ovni dans la bande dessinée. Publiée entre 1972 et 1994, elle revient aujourd’hui sous forme d’une intégrale soignée chez les éditions Ad Hoc. Dans l’ombre d’une taverne enfumée, un vieux loup de mer édenté déblatère des histoires extravagantes, oscillant entre vérité et affabulation. Son monde est peuplé de capitaines tyranniques, de châtiments absurdes, de sirènes improbables et d’escrocs répugnants. On y trinque au rhum, on rit grassement, et la mort elle-même semble participer à la farce. L’ambiance évoque autant les récits de marins ivres que la gouaille rabelaisienne, avec un humour noir qui danse sur les vagues de l’irrévérence. Mais Pemberton, c’est aussi le trait unique de Sirius, maître du burlesque et du grotesque. Son dessin, à mi-chemin entre la caricature et la gravure, accentue la démesure des récits. Il joue avec les ombres, les trognes exagérées, et une expressivité qui donne vie à chaque scène. La réédition en fac-similé sublime ce travail, offrant en bonus les crayonnés préparatoires, témoins du talent et de la précision de l’auteur. Sirius, fasciné par l’aventure depuis l’enfance, infuse ici tout son amour pour la mer et les récits picaresques. Une redécouverte essentielle pour les amateurs de bande dessinée et d’histoires où le délire côtoie le génie. À lire religieusement avec un bon p'tit rhum arrangé, avec modération bien sûr !
