L'histoire :
Une mégalopole américaine sans doute, New-York peut-être. Les informations radio parlent de la mort d’un certain colonel Ivanov, à la carrière militaire et politique « compliquée », devine-t-on. Gorka, personnage d’origine russe naturalisé américain, nouveau riche vêtu d’un costard clinquant, s’engouffre sur la banquette arrière d’un taxi. Le chauffeur est aussi d’origine russe et se prénomme Varf. De fait, les deux hommes se connaissent. Anciens camarades de jeu sous la houlette du feu Ivanov, il ne faut pas longtemps pour que Gorka sorte sa pétoire puis que, d’un coup de frein puissant, Varf lui fasse traverser le pare-brise ! S’en suite une course-poursuite animée qui finit quelques mètres plus loin et plus bas, dans un cours d’eau. Gorka prend le dessus. D’un naturel suffisant, l’homme se répand en confidence. Où l’on apprend que Varf avait une petite amie au sein de leur groupe, appelée Madone, que Gorka a toujours rêvé de se faire ! Comme tous les grands méchants bavards, Gorka se laisse finalement avoir. D’une empoignée de cravate, Varf renverse la donne et flingue son ami de deux balles dans le buffet. Le commandant Ivanov est mort ; Gorka flotte quelque part sur un fleuve ; et l’ex-agent et tueur professionnel Varf reprend du service, en quête de sa moitié…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fiez-vous à la couverture et au sous-titre – A l’amour, à la mort – c’est d’une véritable histoire d’amour dont il s’agit ici. Une True romance pour reprendre le titre (et le genre) du film culte signé Tony Scott. En résumé, Bang raconte les retrouvailles musclées d’un ex-groupe de tueurs aguerris – les meilleurs au monde, disent-ils – après la mort de leur mentor. Ou comment un type se tape une petite virée entre anciens potes avant de retrouver sa moitié. D’un ton décalé, sacrément « flingué » et bien rythmé, l’album surprend agréablement. S’inspirant possiblement de nombreuses références des 7ème et 9ème arts – on pense à Kill Bill pour le découpage en chapitre, figurant à chaque fois une nouvelle rencontre, un nouveau duel ; à Watchmen pour le retour sur le devant de la scène d’ « anciennes gloires » remisées au placard, etc. – les auteurs maîtrisent leur sujet au détail près. Epaulant Jean-christophe Deveney au scénario, Loïc Godart livre aussi une partition graphique détonante. Perdu quelque peu de vue depuis son remarqué Anatomiste (Soleil, 2005), Godart revient fort et compose ses planches de manière cinématographique, jouant par ailleurs des tons vieillis et jaunis autour de dominantes vert et terre, sur un crayonné alerte et nerveux. Pfff ! Au final, un petit tour de force visuel comme narratif. Un polar à l’ambiance « romantique » foutrement efficace, à la mise en scène réglée au poil. Un calibre dans son genre !
