L'histoire :
Dans la Cité, les frontières sont fermées pour éradiquer tout contact avec l'extérieur. Les Ombres au service du Dux contrôlent tous les opposants au régime et pendent les récalcitrants. Les habitants doivent se plier à l'ordre ou mourir, tout simplement. Cléophée, passeuse et sorcière, profite de la situation et utilise sa Valise extraordinaire pour aider ceux qui le souhaitent à quitter la ville. La contrepartie n'est pas anodine. Pour chaque âme qui passe le Mur, Cléophée prélève sept années de vie qui nourrissent sa magie, son âme et sa jeunesse quasi-éternelle. Sa dernière mission de passeuse achevée, Cléophée se prépare dans son manoir surplombant la vallée, pour la soirée cocktail qui se déroule dans le Palais du Dux. Le dirigeant croise Cléophée (qui mène un double-jeu) et lui réitère sa proposition d'emménager dans ses appartements au Palais, elle qui vit recluse dans son antre, en dehors des murs. Avant qu'elle ne rentre, le Dux lui glisse une invitation pour la Fête de l'Unité. Cléophée se dépêche car elle a rendez-vous avec un membre de la Résistance avec une requête inhabituelle : les aider à franchir la frontière dans l’autre sens, pour pénétrer dans la Cité...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
N'y allons pas par quatre chemins, La Valise est un vraie réussite, pour un premier album. Tant graphiquement que sur le plan narratif, le trio Amalric/Schmitt Giordano/Ranville envoie du lourd, du très lourd. A la fois conte fantastique et philosophique, ce récit développé par Diane Ranville, co-fondatrice du collectif Blend Awake, possède une vraie densité narrative, même si une pagination plus dense aurait pu accorder plus de relief. Elle mixe les mythes éternels en tous genres (Dorian Gray, Faust ), les références historiques (le Dux pour le Duche, surnom de Benito Mussolini) et cinématographiques (V pour Vendetta, Le Labyrinthe 3) et les recrée avec une originalité folle. Cette Valise devient la clé de l'histoire, mais Cléophée, comme son nom l'indique, est la véritable clé, dans un univers totalitaire. Côté graphique et couleurs, Gabriel Amalric (décors et colorisation) et Morgane Schmitt Giordano (dessins des personnages, story-board, ET scénario...) nous offrent une grosse claque visuelle en s'inspirant entre autre de l'art déco, des affiches de propagande bolchévique. L'univers est envoûtant, pénétrant, grâce à une mise en abîme chromatique sombre et délicate. Décidément, les éditions Akileos ont le chic pour dénicher des pépites (Ronan Toulhoat/Vincent Brugeas, Mara, Mathieu Thonon, Aurélien Rosset). Ce trio a tout l'avenir pour nous plonger dans de belles histoires...
