L'histoire :
Les enfants d'antan étaient indociles, impertinents, n'ayant peur de personne. Carl nait à cette époque et il est dès le départ destiné à la gloire. A seulement quatre ans, il découvre un trésor, des milliers de pièces d'or. Il garde longtemps ce secret pour lui, le cachant aux adultes. Mais ils finissent par l'apprendre. Ils veulent décider à sa place ce qu'il doit faire de ce trésor. La réponse de Carl est sans appel. C'est un grand NON ! Il se rend dès le lendemain chez le vendeur de jouets, avec une couronne de roi sur la tête. Il liquide tout : confiseries, jouets et costumes. Carl partage son butin avec les autres enfants, serein, se préparant à d'autres heures plus rudes à venir. Mais Carl voit quelques années après, des poils lui pousser sous le menton : les années l'ont rattrapé, il est temps pour lui de céder la place. La couronne se pose par la suite sur de nombreuses têtes d'enfants, jusqu'à ce qu'elle arrive sur celle de Roger. Ce dernier prend la décision de construire une gigantesque cabane, érigée en hauteur pour tenir tête aux ennemis. Le cœur-d'arbre devient la forteresse des enfants. Roger devient un bon roi. Mais une menace sournoise les guette... En bas de leur cabane, habite le terrible voisin Grindle. S'il touche un enfant, celui-ci devient un horrible adolescent boutonneux. Et Grindle n'apprécie guère les habitants de cœur-d'arbre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En lisant ce titre, celui-ci vous dit peut-être quelque chose : Béa Wolf, Beowulf... L'auteur américain Zach Weinersmith, créateur du blogSaturday morning breakfast cereal, s'associe à l'incontournable Boulet (La page blanche, Bolchoi arena) pour proposer une réinterprétation à hauteur d'enfant du célèbre poème... et d'adulte. Ils reprennent le premier combat, et le recontextualisent. Ici, ce sont des enfants qui sont les héros de l'histoire, et le terrible monstre qui veut les attaquer est un adulte, qui souhaite voir appliquer toutes les règles de la bienséance, et qui les fait grandir bien trop vite ! Il n'est pas nécessaire de connaître le texte initial pour apprécier ces péripéties, mais la postface complète en fin d'album, titillera sûrement votre curiosité, et vous poussera peut-être à comparer les deux versions. Cet ouvrage relève davantage du texte illustré que de la bande dessinée : ici, pas de bulles, mais un texte poétique et particulièrement bien écrit, relevé par des illustrations intenses. Le noir et blanc mélange un côté terrifiant (lors de l'apparition d'adultes, ou en créant certaines ambiances) et en même temps adorables (les enfants ont des têtes mignonnes à souhait tout en étant emplis de conviction et de force de caractère). Ce parti-pris graphique apporte une profondeur aux mots de Zach Weinersmith. On rit, on frissonne, on combat : on devient l'un de ces enfants ! Un ouvrage à découvrir de toute urgence, que l'on soit jeune, à l'image des personnages, ou adulte, à l'instar des tyrans de l'histoire.
