L'histoire :
Après des années passées à exécuter les basses œuvres des narcotrafiquants de Cali, Salva termine de purger une longue peine de prison. Mais sa dévotion envers Dieu l’a cette fois durablement transformé. Au sein de l’établissement pénitencier, il est devenu « Padre Sicario », un pasteur évangéliste respecté et aimé. Il confesse, il baptise, il écoute, il pardonne. Sa force d'âme impose le respect et l'amour de ses ouailles. Sa peine purgée, il est rendu à la vie civile. Il retrouve ses trois enfants et son épouse Marissa. Il rejoint sa petite maison dans le barrio de Siloe, un quartier pauvre avec des bicoques empilées sur une colline, gangréné par de permanentes guerres de gangs. Il retrouve aussi Victor, son ami d’enfance, devenu l’un des cadres les plus importants au service du parrain de la drogue local, Don Miguel. Victor propose à Salva de revenir travailler pour le cartel, comme avant. Son efficacité était très appréciée. Mais Salva refuse. Son projet est de restaurer un bâtiment en ruine et d’en faire une église. Victor est plus que dubitatif… Convertir les gens, ça n’est pas franchement ce qu’il y a de mieux pour les affaires. Mais par respect envers son vieil ami, il le laisse faire… dans un premier temps.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre associe justement les deux composantes fondamentales du héros dans ce thriller mafieux et violent, sur fond de trafic de drogue dans la Colombie contemporaine. Ancien tueur pour les narcotrafiquants de Cali (un « sicario »), Salva s’est fortement et sincèrement converti à la religion en devenant pasteur évangélique (un « padre »). Or évidemment, comme lui rappelle Victor, son vieil ami d’enfance, son frère presque, en p.47, « Tous tes trucs de religion, c’est pas bon pour le business ». La tension monte autour de ce point de friction. Salva réussira-t-il sa rédemption ? Lui faudra-t-il nécessairement renouer avec ses vieux démons ? Peut-on se muer de tueur en curé sans dégâts ? Issus des documentaires, Stéphane Marchetti et Thomas Dandois scénarisent un récit sombre et violent, plutôt crédible. L’histoire de ce Padre Sicario est en effet authentiquement inspiré du destin d’un tueur à gage colombien devenu pasteur. Le dessin de l’argentin Vladimiro Merino accorde toute la noirceur nécessaire au drame shakespearien qui se noue. Son trait encré réaliste est très dynamique, qui fait autant la part-belle aux regards perçants des personnages qu’aux sordides décors détaillés des barrios. La colorisation relativement « astringente » complète idéalement l’ambiance délétère avec une gamme restreinte de teintes délavées en aplats. On est ici très proche de Cuervos, la trilogie de référence dans le registre.
