L'histoire :
Mindy boit seule son coca dans une boîte de nuit, pendant que sa meilleure amie Shaé s'amuse comme une folle sur la piste de danse, et séduit de nombreux garçons. Mais Mindy n'arrive pas à lâcher prise comme son amie. Elle souffre de troubles alimentaires depuis sa plus jeune enfance, et de dysmorphophobie. Cela affecte son quotidien, ponctué de privations en tout genre. En fin de soirée, elle raccompagne Shaé, qui est ivre, dans son appartement. N'ayant plus rien dans ses placards, elle sort prendre l'air, et se rend à la petite épicerie du coin, ouverte à toute heure du jour et de la nuit. En discutant avec le vendeur, son regard se pose sur une nouvelle tablette de chocolat, à l'emballage violet, qu'elle n'avait jamais vu jusqu'ici. L'épicier lui dit que ce chocolat est fabriqué par une marque locale appelée « Eat and love yourself ». Mindy se laisse séduire. Le lendemain, elle va dans un restaurant pour partager un moment de complicité avec Shaé. Mais celle-ci va laisser échapper une remarque sur le poids de Mindy... Vexée par son amie, elle quitte le restaurant en trombe et trouve refuge dans son appartement. La tablette de chocolat lui fait de l'œil, et elle en croque un morceau. Elle ne s'attend pas à ce que ce petit carré de chocolat la replonge dans les douloureux souvenirs de son enfance...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mindy ne correspond pas aux critères de beauté des corps standardisés sur les magazines de mode. Elle souffre de TCA (troubles du comportement alimentaire) et du regard des autres sur son corps, depuis qu'elle est enfant. En goûtant à cette nouvelle marque de chocolat, elle va avoir la chance de parcourir son passé, d'en tirer des leçons, pour reprendre en main son présent. Sweeney Boo n'en est pas à sa première bande dessinée : elle a notamment participé à des projets autour de comics, ou à la colorisation d'albums. Dans ce nouveau titre, elle aborde avec brio des sujets peu abordés dans le neuvième art : les troubles alimentaires, la dysmorphophobie et le body positivisme. Ce mouvement avait eu de fortes répercutions sur les réseaux sociaux, en incitant les femmes à s'accepter telles qu'elles sont, peu importe leurs formes et leurs poids, et à s'affranchir des diktats de la beauté. Sweeney Boo l'évoque ici à travers son personnage principal, qui devient introvertie, qui se pose des barrières sociales, car elle n'accepte pas son corps et ne supporte plus les remarques incessantes de son entourage sur son physique. Dans ce comics, l'autrice réussit à faire passer un message fort, mais aussi à montrer le cheminement long et difficile, pour tendre vers la bienveillance envers soi-même. En mêlant une histoire fantastique à des moments du quotidien plus difficiles, le lecteur/ la lectrice s'immerge dans cet univers et a envie de crier à Mindy qu'elle est formidable ! Tout en portant un regard bienveillant, Sweeney Boo montre sans tabou les maux du quotidien et les blessures qui ne cicatrisent pas. Elle montre également que l'entourage ne veut pas vexer, mais que les propos déplacés sont pourtant réguliers et ont un réel impact sur la construction émotionnelle d'un individu. Les illustrations aux couleurs peps, avec une dominante de violet, devraient plaire aux jeunes adultes. Le trait graphique est vraiment identifiable et se distingue de ce qu'on a l'habitude de voir.
