L'histoire :
Le 6 mai 1945, trois bombardiers américains survolent la ville japonaise d’Hiroshima. A bord de l’un d’eux appelé Énola Gay, une section spéciale de Midnight girls s’emploient à faire une puissante incantation, afin d’ouvrir un portail magique juste au-dessus de la ville et d’en faire sortir une des créatures démoniaques qui peuplent les strates inférieures des enfers. Dans le second avion, des scientifiques mesurent les effets produits par l’utilisation de ce monstre sans pareil. Dans le troisième, des journalistes filment et photographient. Au terme du rituel, un kaïju abominable et gigantesque atterrit en plein cœur d’Hiroshima. Pour les 250 000 habitants, c’est le début d’une journée en enfer. La vague de chaleur soulevée par la créature dépasse les 4000° Celsius et souffle littéralement une grande partie des habitants, les réduisant en tas de cendres. Un champignon de fumée s’élève à 2km au-dessus du sol, des radiations mortelles irradient alentours... quelques heures après cet impact, une troupe de 6 midnight girls japonaises est mobilisée par l’empereur du Japon pour tenter d’éradiquer cette créature. Tout comme les kamikazes, elles sont prêtes à donner leur vie pour sauver leur nation. Tour à tour, sous le commandement de leur chef Usagi, elles se jettent contre la créature en se transformant elles-mêmes en bombes miniatures. Makoto, la moins expérimentée et la plus fébrile, est la dernière à passer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les midnight girls sont une communauté de sorcières qui protègent et/ou régissent la civilisation humaine depuis la nuit des temps, contre les forces du mal qui n’ont de cesse que de chercher à la pervertir. Mathieu Bablet est à l’origine et aux manettes de cette série-concept inspirée de la périodicité de parution des comics et de leur format narratif court, façon fascicules. Comme l’indique la pastille en couverture, ce 3ème recueil d’historiettes se décline autour d’un unique thème central : le Japon. Car évidemment, ici, ce n’est pas une bombe atomique qui a été larguée par les américains sur Hiroshima en mai 1945, mais un kaijū démoniaque. Pour rappel, dans la culture nipponne, les kaijūs sont des monstres géants capables de ravager (ou défendre) des villes entières (ex : Gotzilla, Pacific Rim, Goldorak...). Ils sont la métaphore légendaire des fléaux sismiques que subit régulièrement l’archipel. En lien avec le concept satanique de la série, ils se marient astucieusement à l’autre mythe légendaire du Japon : les yōkais, alias les (petites) créatures fantomatiques bénéfiques ou maléfiques. Sous la houlette scénaristique de Mathieu Bablet, Elsa Bordier et Florent Maudoux, et les talents graphiques de Baptiste Pagani, the Neb Studio, Thomas Uzière et le même Florent Maudoux, les historiettes mettent ainsi en scène une lignée de midnight girls qui luttent depuis 1945 contre yōkais et kaijūs, réinterprètant au passage les principales tragédies nucléaires (Hiroshima, Fukushima). Ces historiettes ne transcendent pas le registre fantastique – leurs partitions de fond sont assez convenues – mais raviront sans doute les fans de la série. En revanche, Claire Barbe signe des articles de fond synthétiques et intéressants sur la culture fantastique nippone et la place des femmes à travers l’Histoire du pays du soleil levant. Et comme toujours, une courte nouvelle est signée Isabelle Bauthian (Cinq versets d’Aizu).