L'histoire :
Le Chancelier U-Mensch dirige d'une main de fer sa nation. L'Empire du Weltraum, en guerre sur plusieurs fronts, a vocation à asseoir sa domination sur les peuples inférieurs. Les Skraeling sont ses troupes de choc, que Köstler a réussi à intégrer. C'était un Laeten parmi tant d'autres, un métèque enrôlé dans les forces envoyées en première ligne. Kos' pense qu'en se distinguant par ses faits d'armes, il pourra alors devenir un Natio, un citoyen. Son implication et son efficacité au combat sont incontestables, jusqu'au jour où, après avoir accompli un carnage dans les rangs ennemis, il perd totalement le contrôle et abat aussi des soldats de son propre camp. Il bénéficie pourtant de la complicité de son supérieur, qui tente d'étouffer l'affaire. Mais le Skraeling pourra-t-il mener à bien son plan sans être démasqué ? Le régime totalitaire qu'il sert lui permettra-t-il de s'élever socialement ? Rien n'est moins sûr...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce second volet marque définitivement la saga de sa noire emprunte, aussi brune que les couleurs des chemises fascistes. Oscillant entre SF et récit de guerre, l'histoire de Kos' le métèque, devenu un tueur sans scrupules pour pouvoir bénéficier d'un meilleur rang social, troublera plus d'un lecteur. C'est une évidence de souligner le contexte hyper angoissant, qui rappelle bien sûr les pires heures du fascisme européen. La narration exige également une attention permanente, car les personnages sont nombreux et les dialogues très denses. La ribambelle de militaires en présence et les joutes permanentes de pouvoir qu'ils se livrent, supposent un minimum de concentration. Ajoutez à cela une grande violence, celle de la guerre et de la pire exploitation des hommes, traités en esclaves et abattus comme des chiens, et vous aurez la garantie de ne pas décrocher un sourire tout du long de l'album. La seule lueur d'espoir, entrevue par Kos', personnage particulièrement ambigu et qui ne dégage absolument rien de sympathique, c'est l'amour qu'il voue à une femme, forcée toute jeune à se prostituer et qui doit sa survie au fait d'avoir été rachetée, comme une marchandise, par sa maquerelle. Bref, si vous broyez du noir, fuyez cette saga, ou elle vous achèvera. Notons le très honorable travail de Damien Venzi. Le réalisme de son graphisme, le soin amené aux décors et les recherches avancées qu'il a du faire pour se documenter sur les armes, uniformes et divers engins, y est pour beaucoup dans cette immersion en plein cauchemar nazifiant. Ses couleurs, souvent très sombres, finissent par plomber définitivement l'ambiance. Le prochain tome clôturera la série, et il faut bien avouer qu'on ne sait pas encore de quoi Ko's est fait : véritable salaud ou bonhomme qui finira par trouver sa rédemption ? Affaire à suivre pour cette histoire qui a du chien... de guerre !
