L'histoire :
En octobre 1876, Martha Jane Cannary (alias Calamity Jane) écrit une lettre à sa fille. Elle raconte qu’alors qu’elle menait un convoi d’enfants orphelins vers Rapid City, elle s’est retrouvée à devoir bivouaquer, une nuit de la fin juillet, au côté de JB Bone, une vieille connaissance, un bandit. Mais ce soir-là, Bone est assagi. Il honore alors une mission qu’il s’est lui-même infligée : ramener jusqu’à Kaiser Rock, dans le Montana, la dépouille de son ami Ben Donnigan. Ce dernier s’est fait flinguer en sortant de la banque que tous deux ont tenté de braquer à Ogallala (Nebraska). JB Bone s’en est sorti. Or il a promis à son ami de l’enterrer à côté de la tombe de sa bien-aimée, Alabama Lightingale… dont acte. Alors qu’il raconte cela, un orphelin muet, âge d’une dizaine d’années écoute. Calamity Jane dit qu’il s’appelle Moïse, car il a été trouvé dans un panier en osier dérivant. La nuit passe, forcément alcoolisée. Le lendemain, quand Bone se réveille, Calamity Jane et ses orphelins ont déjà levé le camp. Mais le petit Moïse sort des fourrés, visiblement oublié ! Bone a tout le mal du monde à s’en débarrasser. Le gamin le suit contre sa volonté. Cependant, JB Bone fait halte le soir-même du 2 août à Deadwood. Ce soir-là, lors d’une partie de poker, Wild Bill est assassiné et la présence de JB Bone dans les parages en fait le suspect n°1 pour le chasseur de primes Salomon Wallace…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Initialement paru en 1996 chez Delcourt, Chiens de prairie est aujourd’hui réédité par les éditions Anspach, dans sa version originelle enrichie d’un cahier final de 7 pages. Dans celui-ci, Charles-Louis Detournay revient sur la genèse de cette seconde œuvre des auteurs Philippe Foerster et Philippe Berthet (après L’œil du chasseur, déjà précédemment restauré par Anspach), et sur les intentions du duo. Chiens de prairie est un western on ne peut plus classique, option crépusculaire, mettant en scène un pur salopard dans une mission d’honneur auto-infligée, qui devient la cible d’un hallali et de règlements de compte en cascade... et ça finit évidemment mal. Au regard de l’évolution cinématographique du 9ème art, qui sait aujourd’hui vous embarquer immédiatement dans un souffle épique prégnant, la narration de l’époque de Foerster est un peu dense, laborieuse et alourdie par des dialogues moyennement tournés, en outre imprimés dans une police d’écriture peu agréable. Heureusement, le sens du découpage et des cadrages est là, et le dessin semi réaliste de Berthet, dans un registre hérité de la ligne claire, est déjà somptueux et spectaculaire. La colorisation soignée de Dominique David – la compagne de Philippe Berthet – achève la dimension cinémascopique de l’œuvre, de toute beauté.