L'histoire :
Lors du concile de Clermont-Ferrand, le 27 novembre 1095, le pape Urbain II appelle à une croisade en terre sainte pour venir en aide aux frères chrétiens d’Orient qui ont été attaqués par les turcs et les arabes. Pour mener la cohorte, il songe à l’évêque du Puy Adhémar de Monteil, aux barons français qui ont déjà mené la guerre sainte en Espagne, à Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, aux normands de Sicile, mais aussi à Godefroy de Bouillon et son frère, Baudouin de Boulogne. Au même moment, dans sa forteresse haut-perchée de Bouillon, la mère du jeune sire Godefroy l’enjoint une nouvelle fois à se trouver une épouse. Il a prouvé sa valeur politique et sa force au combat en repoussant les assauts du comte de Namur, il est grand temps de préparer sa descendance ! Godefroy, qui réfléchit à la proposition du pape, est alors plus ou moins promis au bon parti de la pieuse Clotilde… mais malgré sa beauté, elle laisse Godefroy de marbre. Le seigneur est alors surtout troublé par une jeune servante aux cheveux roux, qui a des dons de divination, Aëlys. Dans les campagnes, un vieil homme dévot qu’on a surnommé « Pierre l’hermite » tente de rallier un maximum de chrétiens à la croisade qui se prépare…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Godefroy de Bouillon est un seigneur du moyen-âge surtout connu en Belgique (Bouillon est situé dans les Ardennes belges) pour sa ferveur chrétienne et sa grande valeur chevaleresque. Il a mené la première croisade en Terre Sainte et y est mort sans revoir ses terres, sans s’être marié et sans avoir profité d’aucune sorte de « butin » politique. Le premier opus de cette biographie scénarisée par Rudi Miel tente d’allier le souffle épique dans le rythme narratif sans trahir les faits historiques. Il nous présente surtout le contexte médiéval, insistant sur le célibat, la dévotion de Godefroy, les éventuels complots ourdis à son endroit et la préparation de ladite croisade. Ce tome pilote se déroule donc majoritairement à Bouillon ; le suivant nous emmènera assurément en Terre Sainte. Théo Dubois d’Enghien dessine l’aventure selon un style encré réaliste très classique, mais particulièrement soigné dans les décors – à travers les Ardennes enneigées – et l’immersion historique… en osant le coup de la séquence légèrement érotique (soft donc réussie) ! On en profite d’autant plus que le scénariste montre une grande retenue dans les dialogues et les encadrés narratifs. C’est souvent l’écueil dans lequel tombent les BD historiques : elles se montrent érudites et bavardes, afin de ne pas être prises en défaut de légèreté. Pour les précisions, les lecteurs intéressés par les dates et la véracité pourront se reporter au cahier didactique final de 7 pages. Ce faisant, à travers ce premier tome, la tradition du 9ème art historique est grandement respectée… mais le récit reste lui aussi très « sage ».