L'histoire :
En avril 1920, en plein cœur de Londres, une jeune femme en casquette court après le tramway qu’elle est en train de louper, bousculant au passage un couple de bourgeois. Une femme d’un âge plus mûr lui tend la main pour l’aider à monter en marche, puis lui intime aussitôt le conseil de rendre le portefeuille qu’elle a volé à son propriétaire. Démasquée, la chapardeuse se plie docilement à cette exigence, sous peine d’être dénoncée aux bobbys en faction à chaque coin de rue. Les deux femmes se présentent l’une à l’autre : Esther, sous-cheftaine de gang, recrute ainsi Florrie, qu’elle considère déjà comme la meilleure voleuse du South London. Elle lui propose de travailler pour elle : contre 50% de tout ce qu’elle chapardera, elle pourra loger chez elle et être « protégée » au sein du gang plus large des « 40 éléphants ». Et dès le lendemain, Esther adoube la jeune femme dans ce cercle élargi de voleuses, réunies dans la cave d’une innocente laverie. Florrie fait ainsi la connaissance de Queen Kate, mais aussi d’Alice la coordinatrice, de Jane l’infiltrée, de l’étrangleuse Dorothy, de la couturière Emma… L’objectif du moment est un casse de grande ampleur chez Harrods…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Contrairement au sens premier du titre, vous ne verrez pas l’ombre d’un poil de pachyderme dans le premier tome de cette série. Les 40 éléphants dont il est question sont les membres d’un gang de voleuses londoniennes, organisées comme une mafia, qui ont sévi dans l’entre-deux-guerres pour dévaliser massivement les grands magasins et les bourgeois. Dans cet album, on découvre ce contexte authentique, qu’on croirait dérivé d’Oliver Twist, ainsi que les nombreuses protagonistes de ce gang, en suivant principalement l’une d’entre elle : Florrie, infiltrée par la police pour une mission bonux qu’on vous laissera découvrir. Les prochains tomes nous donneront à suivre à chaque fois d’autres membres de l’organisation (Maggie Passe-Murailles dans le tome 2). 40 voleuses, cela laisse un joli potentiel de série au long cours pour Kid Toussaint, qui déroule méticuleusement et efficacement un canevas peu évident, étant donné la quantité des protagonistes, tou(te)s pourvu(e)s de profils psychologiques propres et crédibles. Le scénariste est bien aidé dans le réalisme qu’on leur porte par le dessin de Virginie Augustin, qui fait sensiblement évoluer sa griffe en passant au tout numérique. Sous ses crayons infographiques, la scène du casse chez Harrods d’inscrit dans un découpage génial ; et quelques scènes « d’époque » particulièrement soignées s’inscrivent durablement sur la rétine du lecteur.